- Le spécialiste de la fabrication et de la commercialisation de médicaments sort d'un premier semestre profitable avec un chiffre d'affaires en hausse de 11,94% à 765 MDH et un résultat net de 117 MDH, en progression de 70%.
- Internationalisation, bio-similaires, innovation : Lamia Tazi, Directrice générale de Sothema, fait le point sur les perspectives de la société.
Finances News Hebdo : Vous avez acquis en 2017 la société Leiden Pharma, implantée en Hollande, pour développer vos activités à l’international. Quel a été l’effet de cette opération sur vos résultats ?
Lamia Tazi : L’acquisition de Leiden Pharma en 2017 s’inscrit dans le cadre de «l’internationalisation» de Sothema. En effet, il est aujourd’hui important pour une entreprise comme la nôtre de se donner tous les moyens de toucher le plus grand nombre de marchés non seulement limitrophes au Royaume mais aussi dans les pays européens.
S’il est bien établi que les produits Sothema sont aux standards internationaux à travers les multiples certifications et inspections internationales (France, Belgique, Allemagne, Arabie Saoudite, EAU, etc.), la localisation physique en Europe et l’enregistrement de nos produits auprès des autorités européennes ont déjà commencé à donner leurs fruits sur les premiers mois d’activité en 2018, puisque nous prévoyons un CA de 850.000 euros sur la première année pleine d’activité.
F.N.H. : Vous avez commencé à produire des bio-similaires, une première au Maroc et en Afrique, qu’est-ce que cela représente pour votre activité ?
L. T. : Sothema a lancé un projet de fabrication d’anticorps monoclonaux pour le traitement du cancer. Ce projet signé lors de la visite royale en Russie et appuyé par le Plan d’accélération industrielle est prévu en 3 phases. La phase une qui consiste à faire du fill & finish, a été finalisée en 2017.
Le produit a été lancé début 2018 et à cette même date, nous avons entamé la phase 2 du projet, qui a pour but de fabriquer totalement les produits à partir de la matière première. La phase 3 ayant trait à la synthétisation de la matière première sera la phase ultime qui va démarrer dans les années à venir.
F.N.H. : Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’industrie pharmaceutique au Maroc. Peut-on parler de l’émergence d’un véritable écosystème ?
L. T. : L’industrie pharmaceutique au Maroc a une histoire de plus de 50 ans. D’ailleurs, Sothema a fêté il y a cette année ses 42 ans. Si les opérateurs marocains ont été précurseurs sur le continent africain dans le domaine de la fabrication de médicaments, il est aujourd’hui important de modeler et de consolider un écosystème qui n’est pas tout à fait mature, puisqu’il coexiste sur l’environnement de l’industrie pharmaceutique deux modèles. Un modèle industriel qui investit dans les infrastructures qu’il faudra encadrer et soutenir et qui permette réellement d’apporter au Maroc une autonomie sanitaire et un bassin d’emploi à haute plus-value pour les jeunes diplômés. Le 2ème modèle consiste à avoir des bureaux de représentation qui importent des produits fabriqués en dehors du Maroc.
Dans le cadre de l’innovation, Sothema s’apprête à enregistrer le premier produit issu d’un projet de recherche 100% marocain sous la responsabilité du professeur Remmal, récemment décoré par le Roi Mohammed VI. Ce qui sera une première au Maroc et participera indéniablement au renforcement de l’écosystème industrie pharmaceutique au Maroc.
F.N.H. : Comment se déclinent vos partenariats avec les multinationales en matière de sous-traitance ?
L. T. : Ce partenariat avec plus de 30 multinationales qui nous ont fait confiance, se passe très bien et se décline sous deux formes : la fabrication sous licence, et la sous-traitance. Cette étroite collaboration a permis à Sothema, grâce aux transferts de technologies opérés pendant ces 40 dernières années, de se maintenir aux standards internationaux de fabrication de médicaments.
F.N.H. : L’industrie pharmaceutique nécessite des profils hautement
qualifiés, comment Sothema gère-t-elle ses ressources humaines à ce niveau ?
L. T. : Sothema, c’est aussi et surtout 1.200 collaborateurs. Nous sommes fiers aujourd’hui d’afficher un taux de recrutement de plus en plus élevé. A titre d’exemple, grâce à l’investissement autour des bio-similaires, nous avons recruté pendant le 1er semestre 2018, plus de 100 collaborateurs, dont plus de 80% sont des diplômés universitaires, ingénieurs, médecins, pharmaciens, et docteurs d’Etat.
Notre politique RH est très volontariste et encourage le développement de nos collaborateurs à travers de multiples formations continues et des plans de développement de carrière. ■
Propos recueillis par C. Jaidani