Les performances des start-up marocaines sont modestes en comparaison à leurs homologues nigérianes qui ont levé près de 747 millions de dollars en 2019.
Par M.D
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les start-up africaines n’ont jamais été aussi attractives aux yeux des investisseurs friands de projets innovants et rentables.
Selon le rapport annuel du fonds de capital-risque Partech Africa, les start-up africaines ont réussi à lever, en 2019, plus de 2 milliards de dollars. Ce qui représente à la fois un record et une croissance de 74% par rapport à 2018.
L’on note également l’accélération du nombre de levées de fonds à 250 (+ 52 %) émanant de 234 start-up. 158 ont dépassé le million de dollars et dix ont franchi le seuil des 50 millions de dollars.
A noter que par ordre d’importance, les start-up nigérianes (747 millions de dollars), kenyanes (564 millions de dollars) et égyptiennes (211 millions de dollars) dominent le top 3 du classement du fonds de capital-risque Partech Africa, destiné aux start-up implantées sur le continent.
L’Afrique du Sud surclassée cette année par l’Egypte arrive en quatrième position avec 205 millions de dollars. Le pays des Pharaons qui a mis en place des politiques d'incitation à la création d'entreprise et plusieurs programmes de soutien à l'entrepreneuriat, à l’instar de ce qui se fait actuellement au Maroc, est devenu leader en la matière dans la région MENA.
Le document du fonds de capital-risque montre une prédominance des start-up issues des pays anglophones en termes de levées de fonds. Celles du Sénégal, de la Tunisie ou du Maroc ont respectivement capté 16, 8 et 7 millions de dollars. Ce qui constitue des performances assez timides par rapport aux 747 millions de dollars captés par les start-up nigérianes.
A noter que les start-up évoluant dans le domaine de l’inclusion financière captent le plus de fonds. L’inclusion financière a représenté 54,5% des sommes levées tandis que 41% des montants investis sont allés au bénéfice des fintech. Mentionnons aussi qu’en 2019, 70 investisseurs ont réalisé deux transactions voire plus (contre 20 en 2018).
Au total, ce sont 350 investisseurs qui ont été recensés par le fonds Partech Africa l’année dernière. ◆
Paroles de Pro : Mohamed Benboubker, co-fondateur de la société technologique Mobiblanc
«Il ressort des chiffres publiés par le Fonds de capital-risque Partech Africa une grande disparité en Afrique entre les pays anglophones et francophones en termes de levées de fonds par les start-up. Il existe une grande proximité entre les Etats africains anglophones et les pays développés anglo-saxons dont les investisseurs sont plus à l’aise pour ce mécanisme de financement et de prise de risque. Ce qui pénalise les start-up issues des pays africains francophones dont le Maroc, c’est l’aversion des investisseurs face au risque. Ceux-ci préfèrent attendre que tous les indicateurs de l’entreprise ou de la start-up soient au vert avant d’investir. L’autre particularité au Maroc est que la majorité des investisseurs est davantage encline à investir dans l’économie de rente (moins risquée) que de miser dans des start-up. Il faudrait créer au Maroc davantage de véhicules de deuxième niveau, avec option de sortie, offrant ainsi à l’investisseur la possibilité de désinvestir au bout de 4 ou 5 ans. Il faudrait également créer des mécanismes afin de favoriser l’investissement dans les entreprises technologiques qui ont fait leur preuve à l’instar de Mobiblanc». ■