Aujourd’hui, l’innovation constitue l’une des meilleures armes de toute entreprise qui compte tirer profit des opportunités qu’offre le marché marocain, de plus en plus compétitif. Au demeurant, les entreprises marocaines, notamment les start-up, fussent-elles innovantes, peinent à s’arroger les faveurs des banques, qui continuent d’afficher une aversion face aux risques.
Ces dernières années au Maroc, de plus en plus de voix s’élèvent pour exhorter les très petites, et moyennes entreprises (TPME) à être plus innovantes. Pour cause, l’innovation recèle plusieurs vertus. Les entreprises, qui s’emploient à être plus créatives, arrivent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu sur le marché domestique voire international, et ce dans un contexte en proie à une concurrence de plus en plus exacerbée. Consciente des multiples bienfaits de la créativité, Maroc PME cible, à travers ses prestations TPE, le renforcement du management de l’innovation des entreprises qui génèrent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10 MDH. A ce stade, il faut souligner que le développement de la créativité du tissu d’entreprises marocaines est d’autant plus nécessaire que le pays a fait de l’activité exportatrice, son nouveau cheval de bataille. Toutefois, au regard des retombées positives de l’innovation sur les TMPE, l’important est de savoir si les entreprises innovantes et les start-up sont convenablement accompagnées par les acteurs financiers, notamment les établissements bancaires. «Au Maroc, les banques sont particulièrement frileuses à l’idée d’épauler financièrement les structures innovantes. Elles préfèrent financer les entreprises évoluant dans les secteurs classiques, prenant un minimum de risque», confie Youssef El Alaoui, co-fondateur de la société Mobiblanc, spécialisée dans les solutions mobiles innovantes. Et d’ajouter : «Il faut faire preuve de beaucoup de créativité, tout en ayant les reins solides pour absorber les longs cycles de paiement pour réussir sur le marché local». Les propos du Co-fondateur de Mobiblanc tranchent radicalement avec l’attitude de certains acteurs financiers européens envers les entreprises innovantes. Les fonds d’investissement privés et certains véhicules et acteurs financiers européens (capital-risque, capital développement, business angels, etc.), affichent un réel engouement pour les projets innovants. Au-delà de ce volet financier, il convient de noter que l’innovation est incontestablement favorisée par un environnement approprié, qui s’appuie sur une étroite collaboration entre les entreprises et le monde universitaire, haut lieu de la recherche et développement. Faire émerger une multiplicité de champions nationaux de l’innovation nécessite, par ailleurs, la mise en place d’un dispositif d’incitation plus important et une meilleure implication des banques dans les projets innovants.
Paroles de pro
Nassim Hajjioui,
spécialiste des ventes de la société américaine Ingram Micro, grossiste informatique
«Il est clair que contrairement aux secteurs classiques (textile, agroalimentaire, plasturgie, etc.) qui offrent des perspectives plus claires, les banques sont beaucoup plus réticentes à l’idée d’apporter leur concours financier à un projet innovant ou à une jeune start-up. Cette réticence pourrait être reliée aux multiples incertitudes, qui entourent le succès commercial des innovations. Toutefois, les établissements bancaires sont plus enclins à soutenir financièrement les avancées technologiques majeures. J’estime, par ailleurs, que les acteurs financiers nationaux ont intérêt à épauler les jeunes start-up, d’autant plus que le retour sur investissement des innovations technologiques réussies, est important. Au-delà de cet aspect financier, il est important de souligner que l’innovation des entreprises marocaines doit s’atteler à répondre aux réels besoins du marché national. Il faut des solutions taillées pour le pays et le continent africain. L’organisation de voyages de découverte à la Silicon Valley est une bonne initiative, permettant aux jeunes entrepreneurs marocains de voir ce qui se fait ailleurs».
Infos pratiques
Imtiaz croissance
Dans sillage du nouveau contrat-programme 2015-2020 avec l’Etat, l’Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise, «Maroc PME », a lancé le programme Imtiaz-Croissance. Ce dernier va dans la droite ligne de la mise en oeuvre du Plan d’accélération industrielle (PAI), lancé par le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique. L’objectif étant de soutenir l’investissement productif en faveur de la croissance et de l’emploi, tout en renforçant les écosystèmes industriels, par l’octroi d’une prime à l’investissement au profit des PME sélectionnées. Notons que le PAI accorde une place de choix à l’innovation, créatrice de valeur ajoutée. Pour rappel, le programme Imtiaz-Croissance cible les PME opérant dans l’industrie et les activités intégrées à l’industrie. Concernant l’éligibilité, les entreprises ciblées doivent réaliser, lors du dernier exercice clos, un chiffre d’affaires compris entre 10 et 200 MDH. Autres critères de sélection importants, les PME sont tenues d’avoir un projet de développement favorisant la croissance, la création de valeur ajoutée et la création d’emplois, à même d’accélérer le changement d’échelle et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. Il est, par ailleurs, utile de préciser que les projets peuvent être autofinancés ou financés à travers un organisme financier.
Momar Diao