Rémi Cabon : Les écosystèmes lancés par l’Etat pour accompagner les investisseurs dans ce secteur sont très significatifs. Pour la simple raison que la compétitivité des constructeurs est liée non seulement à leurs propres performances, mais également à la possibilité d’avoir leurs équipementiers et sous-traitants à proximité. Donc, le fait d’avoir mis un cadre avec les écosystèmes permet de rassurer ces derniers. Mais pas seulement, puisque ce cadre représente également des mesures concrètes d’incitation et d’accompagnement qui permettent à ces industriels de boucler des business Keys et de prendre la décision de s’installer au Maroc.
R. C. : Je ne suis pas en mesure de répondre sur les engagements pris entre l’Etat et la filière automobile. Par contre, pour ceux pris par PSA vis-à-vis de l’Etat et vice versa, je peux dire qu’à l’heure actuelle, ils ont tous été tenus. C’est le constat relevé par l’instance de suivi (comité stratégique) qui se réunit périodiquement pour suivre l’état d’avancement du projet. Je tiens à rappeler que pour PSA, il s’agit de démarrer l’usine avec un taux de pénétration locale de 60% et de réaliser 600 millions d’euros de sourcing en 2020, avec une cible d’un milliard d’euros. Pour l’Etat, il s’agit de mettre en place des mesures d’accompagnement pour nos fournisseurs à travers des écosystèmes, notamment pour le foncier, les infrastructures…
R. C. : En fait, il s’agit d’une méthode qui consiste pour nous à viser 100% et à étudier au cas par cas la nature des pièces que nous ne sommes pas en mesure d’intégrer immédiatement. Notre cible est d’atteindre les 80%, mais pour y arriver, notre démarche est d’y parvenir par le haut et non par le bas. En d’autres termes, nous ne comptons pas rajouter progressivement des pièces au fur et à mesure que nous en évaluons la productivité, mais raisonner globalement sur tous les composants qui constituent une voiture et le cas échéant, renoncer à intégrer certaines pièces dans un premier temps. C’est le cas des cartes électroniques des voitures qui seront importées au démarrage de l’usine. Leur intégration au Maroc viendra certainement par la suite, ce qui permettra de rajouter quelques points au taux d’intégration.
R. C. : En ce qui concerne les infrastructures, les travaux au niveau de la zone industrielle de Kénitra «Atlantic Free Zone», à savoir les travaux routiers, de raccordement électrique, de gaz naturel…, sont en exécution.
Sur le plan de la formation aussi, nous avons signé un partenariat avec l’Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile de Kénitra (IFMIA) pour disposer des ressources humaines. Je peux donc dire que tous les acteurs sont aujourd’hui alignés pour accompagner notre projet.
R. C. : Effectivement, nous avons identifié certains équipementiers, mais nous leur laissons le soin de communiquer sur leurs installations. Aujourd’hui, nous sommes à 80% de la valeur de la voiture sur lesquels nous avons déjà choisi nos partenaires. ■
Propos recueillis par L. Boumahrou