La crise sanitaire et économique n’aura épargné aucun secteur. L’activité monétique, sur une tendance haussière depuis plusieurs années, a ainsi été impactée par ce contexte peu favorable, marqué notamment par la fermeture des frontières, la baisse de pouvoir d'achat, les restrictions du déplacement, la fermeture de certains établissements...
Les chiffres du Centre monétique interbancaire font en effet état de 375 millions d'opérations réalisées en 2020 pour un total de 322 milliards de dirhams. Cette activité, qui comprend les opérations de retrait d'espèces sur le réseau des guichets automatiques bancaires (GAB), les opérations de paiement auprès des commerçants et eMarchands, les opérations de paiement sur les GAB et les opérations de Cash Advance, par cartes bancaires, marocaines et étrangères, ressort en régression de 9,4% en nombre d'opérations et de 7% en montant par rapport à 2019.
Il faut néanmoins remarquer que cette crise a eu un impact différencié sur les différentes branches d’activité. Le e-commerce en a largement tiré profit. Les sites marchands et sites des facturiers affiliés au Centre monétique interbancaire (CMI) ont réalisé 14,3 millions d'opérations de paiement en ligne via cartes bancaires, marocaines et étrangères, pour un montant global de 6 milliards de dirhams, soit une progression de 46% en nombre et 25% en montant par rapport à 2019.
De nouveaux réflexes
Outre la dynamique enregistrée sur l’achat en ligne par les Marocains, notamment durant la période de confinement, il y a désormais un recours de plus en plus important du paiement sans contact contexte sanitaire oblige. D’ailleurs, les banques, se sont adaptées à cette nouvelle réalité en procédant à l’augmentation des plafonds de paiement des cartes en mode sans contact.
En cela, cette crise a généré certes des contraintes, mais reste aussi une opportunité pour développer davantage certaines activités. Mikael Naciri, le patron du CMI, nous confiait d’ailleurs à ce propos que «les modes de distribution sont en train d'évoluer vers plus de sans contact, du Click and Collect ou de la livraison. Nos enseignes affiliées s'adaptent rapidement à cette nouvelle donne. Le CMI accompagne ses clients pour leur offrir toutes les solutions d'encaissement qui respectent les gestes barrières et qui permettent la continuité du business pour nos clients».
Chasse au cash
Résorber drastiquement la circulation du cash reste l’un des défis majeurs auquel les autorités doivent faire face. «Notre société se caractérise toujours par une appétence élevée au cash, qui génère des frais de gestion très importants et qui peuvent être destinés à d’autres fins», déplore Samira Khamlichi, PDG de Wafacash et présidente de l’Association professionnelle des établissements de paiement (APEP).
Cette culture du cash constitue, entre autres, l’un des freins au développement du paiement mobile, un levier important de la Stratégie nationale d’inclusion financière dont l’objectif est de démocratiser l’usage des moyens de paiement.
Mais si globalement l’activité a ralenti en 2020, gageons qu’elle retrouvera sa dynamique haussière une fois le retour à la normale de l’activité économique. Ce sont ces différents aspects que ce dossier se propose de cerner, appuyé par l’éclairage de plusieurs professionnels du métier. Bonne lecture !