Dessalement de l’eau de mer et recyclage des eaux usées : le Maroc a investi des pistes alternatives pour mobiliser de nouvelles ressources en eau. Face au stress hydrique dû en grande partie à la sécheresse et à l’épuisement des eaux de surface et souterraines, le Royaume est contraint de lancer des projets dans ce domaine pour répondre à ses besoins sans cesse croissants.
La politique des barrages a montré sa pertinence en matière de récupération et de stockage des eaux de surface, mais elle est insuffisante pour combler les besoins. Face aux changements climatiques, la sécheresse est devenue structurelle; le gouvernement est donc contraint de trouver des ressources en eau alternatives. Le dessalement des eaux de mer est actuellement la technique la plus usitée. Et pour cause, il a connu un développement important, lui permettant d’être plus efficace et moins coûteux.
Dans ce cadre, le Maroc a lancé un vaste programme englobant de nombreuses stations. Les sites sont implantés particulièrement dans les régions les plus impactées par le manque d’eau. Ce programme a commencé à ses débuts au Sahara marocain à la fin des années 70, puisqu’il était compliqué de raccorder les villes et les centres urbains de la région au réseau national de distribution d’eau. Mais face à la pression de la sécheresse et la diminution vertigineuse des réserves en eau des barrages, d’autres stations ont vu le jour dans le Nord du Royaume. Répondant à une question orale devant la Chambre des représentants, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l‘Eau, a souligné que «le dessalement des eaux des mers est un choix pertinent.
Les 12 stations existantes ont une capacité de production de près de 180 millions de m3 /an. Une capacité qui a été renforcée par deux autres stations lancées par l’Office chérifien des phosphates (OCP), dont le volume culmine à plus de 110 millions de m3 en vue d’approvisionner les villes de Safi et El Jadida». Le ministre n’a pas manqué de rappeler que «cette capacité va être renforcée par le lancement des projets de stations de Sidi Ifni, Tarfaya, Casablanca ainsi que Dakhla». Dans le détail, la station de Dakhla aura une capacité de 30 millions de m3 . Outre l’eau potable, le site permettra l’irrigation de 5.000 hectares dédiés à des cultures à haute valeur ajoutée, dont les récoltes sont essentiellement destinées à l’export, comme le melon et la tomate cerise. Pour sa part, la station de Sidi Ifni devrait produire 15 millions de m3 , dont l’objectif est essentiellement d’alimenter les villes de Sidi Ifni, Tiznit et Guelmim. D’autres sites de petites tailles sont prévus; ils alimenteront les villes de Tan Tan, Boujdour et Laâyoune. En assurant plus de proximité avec les villes, ces stations réduisent les coûts de distribution et le risque de blocage du réseau qui serait dû à une défaillance technique ou autres.
Mais la station de dessalement de Casablanca est la plus importante de tout le programme. Elle sera la plus grande du Royaume en termes de production et la plus moderne aussi du fait des équipements de dernière génération. Dotée d’une capacité de 300 millions de m3 par an, elle alimentera une population de plus de 5 millions de personnes et permettra d’assurer les eaux nécessaires pour les zones industrielles et celles d’activités. Lancé dans le cadre d’un partenariat public-privé, le site verra la contribution de nouvelles compétences plus créatives dans ce domaine. Il permettra aussi de développer le niveau des études et des ouvrages en proposant une offre de services et de prestations de qualité dans un cadre contractuel.
Le budget alloué à ce projet est de 10 milliards de DH. Le 17 novembre 2023, un consortium composé de Afriquia Gaz, Green of Africa et de l’espagnol Acciona, a remporté l’appel d’offres pour la réalisation du projet. Le département de l’eau a annoncé que les travaux devraient démarrer fin 2023. Expliquant le retard accusé pour la réalisation du projet, Nizar Baraka, le ministre de tutelle, a affirmé aux députés que «le projet est grandiose, nécessitant une enveloppe budgétaire très importante. Pour réduire les coûts, le département a pris le temps nécessaire pour examiner les dossiers et mener des discussions approfondies avec les soumissionnaires. Le but est aussi de lancer une station performante et en adéquation avec les besoins». Concrètement, le projet de dessalement de l’eau de mer de Casablanca consiste à concevoir, financer et réaliser dans le but de l’exploiter pour une durée de 30 ans, dont 3 ans de réalisation. Le site aura une capacité de production de 548.000 m3 /jour, soit 200 millions de m3 par an, qui peut être extensible à 820.000 m3 /jour ou 300 millions de m3 /an.