La levée des restrictions et le retour de l’activité touristique sont les garants du succès de ces événements.
Outre leur caractère culturel et traditionnel, ils génèrent une véritable dynamique socioéconomique.
Par C. Jaidani
Les moussems ont connu un arrêt total lors de la pandémie. En dépit de la levée des restrictions sur la mobilité, leur retour s’est fait timidement en 2022. Et pour cause, cette saison s’est soldée par une campagne agricole médiocre avec des récoltes ne dépassant pas les 34 millions de quintaux. Sur instructions du département de l’Intérieur, de nombreuses communes rurales, particulièrement de petites et moyennes tailles, n’ont pas jugé opportun d’organiser ce genre d’événement qui nécessite la mobilisation de fonds et une logistique importante.
Seuls les moussems qui jouissent d’une grande renommée nationale ont été tolérés, comme Sid El Aidi à Settat. Mais cette année, la situation se présente sous de bonnes conditions et tout laisse présager que le retour de ces fêtes sera couronné de succès. Certes, l’année agricole est très moyenne avec des récoltes de 55,1 millions de quintaux, mais la plupart des Marocains, qu’ils soient citadins ou ruraux manifestent un grand attachement à ce type de festivités.
Au Maroc, les moussems sont une tradition ancestrale. Outre leurs caractères traditionnels et religieux, ces évènements présentent également des opportunités socioéconomiques importantes pour la population locale. Ils créent des activités saisonnières générant de l’emploi, de la valeur ajoutée et des recettes fiscales pour les communes concernées. Dans la province d’El Jadida et la commune de Moulay Abdellah Amghar, les préparatifs vont bon train en prévision de l’un des plus grands moussems de la région et du Maroc. Organisé du 4 au 11 août 2023, l’événement devrait attirer pas moins de 500.000 personnes.
«Ce flux touristique a un apport très important. La demande de location pour l’hébergement des visiteurs explose ainsi que la consommation de produits locaux, qu’ils soient agricoles, d’artisanat ou autres. On note une dynamique qui perdure tout au long du mois d’août, vu que le mausolée est implanté tout près de la mer et de la station balnéaire de Sidi Bouzid. La plupart des touristes peuvent joindre l’utile à l’agréable : visiter le moussem et passer de bons moments à la plage. Grâce à ce moussem, notre commune est devenue la plus riche entité locale du Royaume, passant d’un petit patelin au cours des années 80 à une agglomération de près de 80.000 habitants actuellement», indique Mohamed Doukkali, conseiller à la commune de Moulay Abdellah.
Il faut dire aussi que l’enjeu socioéconomique est toujours manifeste, même pour les petites entités territoriales. Le moussem est une opportunité pour engranger quelques recettes de plus. Pour les notables et autres dignitaires de la région, c’est l’occasion des retrouvailles avec la population locale tant pour des raisons électorales que pour des considérations tribales. Le moussem de Sidi Ahmed El Majdoub relevant de la commune de Moualine El Oued (province de Benslimane) enregistre, lui aussi, un rassemblement important de visiteurs de par sa proximité avec Casablanca et Mohammédia.
«Bien que l’année agricole ne soit pas assez bonne, le moussem de Sid Ahmed El Majdoub s’annonce prometteur. Il permet de célébrer l’année agricole dans l’espoir de retrouver prochainement une bonne saison. La commune mobilise tous ses moyens pour le réussir. Il a des effets bénéfiques à plusieurs niveaux», indique Ahmed Rihi, secrétaire général de la commune Moualine El oued.