Le Maroc est devenu le quatrième producteur mondial d’olives et troisième exportateur. L’activité est à la merci du stress hydrique.
Par C. Jaidani
L'oléiculture figure parmi les filières les plus importantes de l’agriculture nationale. Sa présence remonte à l’époque romaine. Des vestiges d’unités de trituration d’huile d’olive témoignent de leur présence à la cité historique de Volubilis. Déployée sur une superficie totale de près de 1.100.000 hectares, la filière représente plus de 65% de la superficie arboricole nationale. Réalisant un chiffre d’affaires moyen annuel de plus de 7 milliards de DH, elle contribue à hauteur de 5% au PIB agricole et assure une production totale moyenne de 1,5 million de tonnes d’olives. Au niveau social, elle génère 55 millions de journées de travail, soit l’équivalent de 200.000 emplois permanents.
«C’est une activité pratiquée dans toutes les régions agricoles du Royaume. Plante méditerranéenne par excellence, elle est facile à planter et à entretenir. Par rapport à l’investissement mobilisé, elle permet un rendement intéressant pour les exploitants. L’olivier est présent aussi bien dans les périmètres irrigués que dans les zones bours, dans les plaines comme dans les montagnes. Parmi ses atouts, figure sa résistance à la sécheresse, sa parfaite adaptation au climat semi-aride du pays et peut être planté dans les terrains accidentés», souligne Abdelmounaim Guennouni, ingénieur agronome. La Picholine marocaine est la variété la plus produite, avec une part de 96%. Il existe également d’autres variétés locales ou importées comme la Picholine de Languedoc, Arbequine, Ascolana Dura, Gordal, Mazanille. L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a lancé tout un programme pour développer des activités locales plus productives et plus résistantes aux maladies et à la sécheresse.
«Grâce au contrat-programme signé entre l’Etat et les représentants du secteur dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), l’activité a connu un net essor, au point d’enregistrer un record de production en 2021 atteignant 1,9 million de tonnes. Le Royaume est devenu le quatrième producteur mondial derrière l’Espagne, la Grèce et l’Italie», explique Guennouni. Le secteur assure une moyenne d’exportation de 91.000 T/an d’olives, 15.000 T/an d’huiles d’olive et 13.700 T/an d’huile de grignons d’olives. Avec ce niveau, le Royaume occupe la troisième place mondiale en matière d’exportation d’olives de table et la neuvième place en matière d’exportation d’huiles d’olive. Dans le cadre de Génération Green, la filière s’est dotée d’un nouveau contratprogramme, affichant de nouvelles ambitions, avec à la clé 17 milliards de DH d’investissements mobilisés, dont 8 milliards de DH de contribution de l’Etat.
«Le nouveau contrat-programme prévoit l’extension de la superficie dédiée à la plantation des oliviers de 300.000 hectares pour atteindre 1,4 million. Il vise aussi à réhabiliter 100.000 hectares. L’objectif est de doubler la production pour atteindre 3,4 millions d’hectares à l’horizon 2030», souligne Rachid Benali, président de la Fédération Interproliv. Mais ces ambitions sont perturbées par les effets néfastes de la sécheresse. Ainsi, la production a reculé à 1,1 million de tonnes en 2023, soit une baisse de 44% par rapport à la campagne précédente.
Face à cette contreperformance, les prix de l’huile d’olive se sont inscrits dans un trend haussier, atteignant des niveaux record, dans une fourchette comprise entre 85 et 100 DH le litre. Cette flambée a poussé le gouvernement à stopper les exportations afin d’assurer un approvisionnement adéquat du marché local. Pour la campagne en cours, les professionnels affichent un optimisme mesuré. «Certes, il y a eu un mauvais démarrage de la campagne agricole, mais les dernières pluies sont bénéfiques pour l’arboriculture. Les plantations d’oliviers devraient en bénéficier amplement», explique Benali.