Médicaments : La contrefaçon gangrène les systèmes de santé africains

Médicaments : La contrefaçon gangrène les systèmes de santé africains

 

L’Afrique, continent le plus exposé à la contrefaçon de médicaments.

La coopération sud-sud, un prérequis indispensable pour lutter efficacement contre ce fléau.

L’expérience marocaine citée en exemple.

 

 

La consommation de médicaments contrefaits serait responsable de milliers de morts chaque année. Les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le trafic de faux médicaments font froid dans le dos : la contrefaçon représenterait environ 10 à 15% du marché pharmaceutique mondial.

En 2014, cette «industrie» a généré un chiffre d’affaires de 200 milliards de dollars. C’est presque trois fois plus qu’en 2010 (75 milliards de dollars). Pis, le développement des nouvelles technologies de la communication et la vente en ligne n’ont fait qu’aggraver la fragilité des systèmes de santé, particulièrement dans les pays en voie de développement.

C’est le cas de l’Afrique qui figure en tête des continents les plus exposés à ce fléau. Dans certains pays africains, les médicaments contrefaits représentent jusqu’à 60% du marché pharmaceutique. C’est dire si ce phénomène a pris ces dernières années une dimension inquiétante.

Pour stopper l’hémorragie, le Maroc appelle les pays voisins à unir leurs forces, en consolidant le partenariat Sud-Sud en matière de lutte contre la falsification. C’est le principal message véhiculé lors des deuxièmes Assises du médicament et des produits de santé, organisées par le ministère de la Santé sous le thème «Lutter contre les médicaments falsifiés en Afrique».

Plusieurs ministres de la Santé, représentants 16 pays africains, ont pris part à cette rencontre, au cours de laquelle l’accent a été mis sur la nécessité de développer une feuille de route africaine afin d’activer une stratégie conjointe, intégrée et adaptée.

Le Maroc aura de ce point de vue un rôle important à jouer, comme le souligne Anas Doukkali, ministre de la Santé, hôte de la conférence. «Le thème choisi pour cette édition corrobore l’attention permanente que nous attachons à la bonne mise en œuvre de la politique pharmaceutique dans notre pays, et reflète nettement notre ferme conviction que la lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique doit faire partie intégrante de la promotion du partenariat et de la coopération Sud-Sud que prône le Royaume dans le domaine de la Santé», a-t-il déclaré.

 

Le Maroc se démarque

 

La coopération Sud-Sud en matière de santé pour le développement de politiques nationales est donc un prérequis indispensable pour lutter efficacement contre la contrefaçon de médicaments.

C’est ce qu’a affirmé Nancy Biyeah Yang, officier-santé publique du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui a insisté sur le partage des expériences, de l'expertise et des bonnes pratiques entre pays africains.

Même son de cloche du côté de Mouhssine Doussari, ministre délégué chargé de la santé au Conseil de coopération des États arabes du Golfe, qui a rappelé que l’éradication de ce phénomène requiert une synergie des efforts, une volonté politique et un engagement de toutes les composantes de la société.

Le délégué général du programme pour l'accès à des médicaments et à une santé de qualité à la Fondation Jacques Chirac, Marc Gentilini, a pour sa part, appelé les responsables politiques à se mobiliser pour le renforcement des moyens de lutte contre les médicaments contrefaits en Afrique.

Et d’ajouter que le trafic des médicaments falsifiés constitue un double crime : un contre la santé et un autre contre la société, en particulier les personnes les plus vulnérables qui en sont les premières victimes.

Les différents intervenants n’ont pas manqué, par ailleurs, de saluer les efforts déployés par le Maroc dans ce domaine. Rappelons que depuis quelques années, une attention particulière a été accordée à l’industrie pharmaceutique, qui occupe aujourd’hui la deuxième place à l’échelle continentale.

Ces Assises ont d’ailleurs été l’occasion de partager l’expérience marocaine en matière de maîtrise du circuit de distribution pharmaceutique et de renforcement de l’arsenal juridique.

«Le Maroc est déterminé à aller de l’avant pour consolider sa position de hub à l’échelle continentale, prenant davantage en considération les questions relatives à la lutte contre la falsification qui figurent parmi ses premières priorités», a indiqué Anas Doukkali.

En définitive, la lutte efficace contre les faux médicaments n’est pas uniquement une affaire nationale mais également continentale, qui passe par l'harmonisation des politiques et des stratégies. Il en va de la santé de millions d’individus. ■

 


4 protocoles d’accord bilatéraux et une «Résolution»

Après les paroles, les actes. La coopération Sud-Sud tant vantée par les participants à ses Assises s’est matérialisée par la signature de quatre protocoles d'accord bilatéraux dans le domaine de la santé entre le Maroc d'une part, et le Bénin, le Cap Vert, le Burkina Faso et la République Centrafricaine, d'autre part. De même, une résolution baptisée «Résolution de Rabat sur la lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique» a été signée par le Maroc et plusieurs pays africains. Son objectif est de renforcer les efforts en matière de lutte contre les médicaments et les produits de santé falsifiés à l’échelle du continent africain, et de mettre en application les engagements qui seront pris dans ce domaine.


 

 

Par L. Boumahrou

 

 

 

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