Dans le domaine économique, l’un des faits notoires durant ces dernières années est l’engouement ascensionnel des investisseurs étrangers pour le Maroc. Cela n’empêche pas que le pays est appelé à revoir son modèle économique bâti essentiellement sur la demande intérieure à bout de souffle. De ce fait, l'accélération de l’industrialisation de l’économie est devenue l’une des principales priorités des gouvernements qui se succèdent.
Conscients du caractère crucial de l’acte d’investir afin d’atteindre les ambitions économiques, les autorités publiques ont mis en place un système de guichet unique, qui a visiblement séduit aussi bien les opérateurs nationaux qu’internationaux. Pour celui qui a interrogé des chefs d’entreprises étrangers sur les raisons de leur installation dans une zone franche au Maroc, outre les avantages fiscaux, le fait d’avoir un interlocuteur unique et toutes les administrations regroupées à proximité constitue un avantage de taille à leurs yeux.
A ce stade, le tout est de savoir si les centres régionaux d’investissement (guichet unique, simplification et réduction des démarches administratives) et le système d’interlocuteur unique parfois doté de missions et prérogatives publiques ont littéralement révolutionné ou pas l’acte d’investir au Maroc. Au-delà de cette interrogation, rappelons tout de même que la raison d’être des Centres régionaux d’investissement (CRI) réside dans l’aide à la création d’entreprise et à l’investissement.
Saut qualitatif indéniable
«Auparavant, l’obtention d’une autorisation de construire pour une entreprise prenait au minimum 6 mois», confie un expert, fort d’une longue expérience dans le domaine des zones franches. Le Maroc ne constituait pas une exception à l’époque, puisque dans plusieurs pays même développés, l’obtention de ce sésame nécessitait du temps. Aujourd’hui, du fait du système des guichets et d’interlocuteurs uniques, et de la facilitation de l’obtention d’autorisations, force est de reconnaître que les choses ont changé. En témoigne la place du Maroc dans le classement de la Banque mondiale afférent au climat des affaires (Doing Business 2017).
Entre 2016 et 2017, le Royaume a certes stagné dans ce classement pour occuper la 68ème place sur 190 pays, mais son rang en matière d’obtention de permis de construire et de création d’entreprise est plutôt honorable (respectivement 18ème et 40ème). Du reste, au registre de l’obtention des prêts bancaires, le positionnement du pays est beaucoup moins reluisant (101ème) même s’il a progressé en la matière.
Là où le bât blesse !
Contacté par nos soins, Youssef alaoui, chef d’entreprise confie: «Sur bon nombre de points, le Maroc progresse dans le classement de l’institution de Bretton Woods, ce qui prouve l’amélioration du climat des affaires, synonyme d’attractivité». Et d’ajouter : «Du reste, les PME rencontrent beaucoup de difficultés qui ne constituent pas des critères importants aux yeux des institutions interna- tionales. Nos entreprises ont du mal à se développer et finir les fins de mois». Les raisons à l’origine de ce malaise sont à relier à la relation avec l’administration pas encore optimale, la concurrence jugée pas très nette. Notre interlocuteur met un bémol de taille sur le climat général des affaires, paramètre-clef pour tout investisseur. «Le Maroc qui suscite l’engouement des grands investisseurs internationaux, est bien catalogué par les institutions internationales, mais la réalité est que les petites entreprises souffrent. D’où l’urgence de se remettre en question», s’insurge-t-il. ■
Rapport de la Cour des comptes : des lacunes à combler
Même si les CRI ont joué un rôle important dans l’accroissement du nombre de créations d’entreprises au Maroc depuis 2002, avec des délais de création oscil- lant entre 2 et 6 jours, ils présentent plusieurs lacunes qui altèrent l’efficacité de leurs missions. Plusieurs dysfonctionnements ont été pointés du doigt par la Cour des comptes en avril 2017. «La représentation effective des administrations auprès des CRI est considérée comme l’une des principales contraintes obligeant parfois ces derniers ou les personnes qui comptent créer des entreprises à faire le tour auprès des différentes administrations concernées». Les autres griefs révélés par les hommes de Driss Jettou ont, entre autres, trait au manque de personnel qua- lifié et aux limites dans l’exploitation des systèmes d’information. D’où la recom- mandation allant dans le sens de la mise en place d’un système d’information adapté. L’autre constat de taille de nature à susciter la réflexion, est que la part des sociétés créées hors circuit des CRI est plus importante en nombre que la part des sociétés créées au niveau de ces entités publiques.
M. Diao