Les prévisions économiques tablent sur une croissance soutenue de 4,1% pour les deux prochaines années.
Les risques de changements climatiques, de sécurité et de manque de ressources financières pourraient être un frein au développement du continent.
L’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pourrait constituer le fondement d’un marché concurrentiel en vue d’accélérer la croissance.
Par B.C
La croissance en Afrique continue de progresser à un rythme soutenu, dans un contexte marqué par de nouveaux enjeux politiques et économiques internationaux.
Les premières lectures des récents rapports macroéconomiques sur le continent, dont notamment celui de la Banque africaine de développement font valoir une croissance quasi stable de 3,4% en 2018, comparable à celle de 2017.
Elle s’est néanmoins renforcée par rapport aux résultats macroéconomiques des années 2016 (2,4%), où plusieurs pays avaient pâti de la baisse des cours du brut, selon la même source.
Il est attendu que la croissance économique africaine s’accélère dans les deux années à venir pour atteindre 4% en 2019, et 4,1% en 2020.
Dans son dernier «Rapport annuel sur l’économie de l’Afrique», le think tank «Policy Center for the New South» (PCNS) décortique les grandes évolutions économiques du continent, avec une large place faite à l’analyse prospective, sans verser ni dans le pessimisme ni dans l'optimisme.
Le rapport en question examine en particulier les enjeux de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ainsi que sur les efforts de convergence et d'intégration entrepris par les différentes Communautés économiques régionales (CEDEAO, UMA, COMESA, etc.)
Des vulnérabilités
La reprise de la croissance sur le continent masque certaines fragilités, notamment celles liées à l’endettement. «La performance de croissance reste insuffisante pour répondre aux problèmes structurels des déficits budgétaires actuels et de la vulnérabilité à l’endettement», estime ledit rapport. La situation actuelle montre que les ressources restent insuffisantes par rapport aux besoins du développement du continent.
Selon la même source, 16 pays africains sont classés comme présentant un risque élevé de surendettement, dû justement aux manques de ressources financières. Toutefois, bien que les vulnérabilités liées à la dette augmentent dans certains pays, le continent, dans son ensemble, n’est pas exposé à un risque systémique de crise de la dette, estiment les auteurs du rapport.
Plusieurs autres menaces pèsent sur les prévisions macroéconomiques de l’Afrique, dont une nouvelle escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et ses principaux partenaires commerciaux. Ce qui pourrait selon la même source affecter la croissance économique mondiale.
Ces tensions ainsi que le renforcement du Dollar américain ont augmenté la volatilité des prix des matières premières et exercé des pressions sur les devises des pays émergents. Pour leur part, la production agricole et la croissance du PIB pourraient être plus faibles qu’anticipé en raison du changement climatique, rappelle le même rapport. Dans certaines zones, l’instabilité politique et les problèmes de sécurité ne sont pas non plus négligeables, et pourraient affaiblir les économies.
La Zlecaf, une promesse de croissance
La croissance à laquelle aspirent les pays africains pourrait dans ces circonstances provenir de l’accord de Zlecaf. Elle constituerait le fondement d’un marché continental concurrentiel et compétitif dans le commerce mondial.
Justement, l’effet supposé de l’accord sur le commerce intra-africain est très prometteur. «Une simulation confirme que la Zlecaf apportera des avantages substantiels à la région en termes de commerce africain et d'investissement transfrontalier», peut-on lire dans le même document.
La suppression des droits de douane sur 90 % des flux d’échanges intra-régionaux majorerait d’environ 16 milliards de dollars (soit de près de 16%) la valeur du commerce intra-régional par rapport aux niveaux moyens actuels. Les résultats de la simulation confirment également que du point de vue des produits, les exportations changent considérablement dans le paysage commercial intra-régional.
Les gains les plus importants (73% en moyenne) proviennent du secteur textile et vêtement.
Viennent, ensuite, des gains dans les secteurs de la fabrication légère (52%), des aliments transformés (36,9%), de la fabrication lourde (34,7%) et de la viande et du bétail (30,7%).
«Ces chiffres des exportations intra-africaines montrent une croissance considérable des échanges et un accès accru aux marchés régionaux en raison de la réduction de la protection des échanges et des écarts de prix», estime ledit rapport.
Ainsi, malgré les différents risques conjoncturels et structurels, les experts s’attendent à de bonnes perspectives pour le continent africain, qui repose une grande partie de ses «espérances» économiques sur l’entrée en application de l’accord de la Zlecaf. ◆