«L’Afrique a besoin de champions régionaux dans tous les domaines»

Banque africaine : Interview avec Leila Mokaddem - Info Économique

Entretien avec Leila Farah Mokaddem, représentante du Groupe de la Banque africaine de développement au Maroc


 

L’Africa Investment Forum de Johannesburg a pour objectif de promouvoir l’investissement privé sur le continent.

Les projets structurants dans des secteurs tels que l’infrastructure, les nouvelles technologies ou l’agroalimentaire sont les plus ciblés.

 

Propos recueillis par Badr Chaou

 

Finances News Hebdo : En quoi consiste le roadshow de l’Africa Investment Forum ?

Leila Farah Mokaddem : Le roadshow de l’Africa Investment Forum prépare l’évènement de la plateforme d’investissement que la Banque africaine de développement organisera du 11 au 13 novembre en Afrique du Sud, et plus exactement à Johannesbourg.

C’est un événement de grande envergure dont l’objectif et de promouvoir l’investissement en Afrique.

 

F.N.H. : Quel est l’enjeu justement de la prochaine édition de l’Africa Investment Forum ?

L. F. M. : Cet évènement en lui-même, en tant que plateforme d’investissement, vise d’abord à informer les investisseurs et les développeurs privés de projets structurants dans différents secteurs, tels que l’infrastructure, l’agroalimentaire, le secteur pharmaceutique, celui des nouvelles technologies ou encore de la communication et de l’information.

De même, cette plateforme permettra d’identifier un certain nombre de projets qui vont être portés ultérieurement par ce qu’on appelle les chambres transactionnelles ou les «Deal Room» à Johannesburg, afin de mettre en relation les porteurs de projets à la recherche de financement avec les investisseurs internationaux y compris ceux africains.

Les investisseurs institutionnels sont tout aussi concernés, à l’image des banques multilatérales de développement, les fonds « Private Equity», ainsi que les fonds de pensions. Donc, nous retrouverons en Afrique du Sud toute une panoplie d’investisseurs institutionnels et privés, qui seront mobilisés lors de ce forum dédié à l’investissement pour répondre à une demande de financement de plus en plus croissante.

 

F.N.H. : Quels sont les types de projets les plus encouragés dans ce forum, et pourquoi avoir décidé de promouvoir davantage le secteur privé ?

L. F. M. : Le secteur privé, par lui-même et par nature, répond à une demande de marché, donc automatiquement, quand les investisseurs viennent avec des projets ils ont déjà fait leurs études d’impact sur la croissance et l’emploi en Afrique. Cela va d’ailleurs dans le même sens du Forum africain de l’investissement à travers lequel nous visons des projets structurants, autrement dit, qui ont un impact sur la compétitivité du secteur privé africain à tous les niveaux. C’est le cas par exemple du secteur énergétique qui est aujourd’hui indispensable à coûts maitrisés, pour assurer la compétitivité des entreprises africaines.

Cela concerne également le partenariat public-privé pour des projets de construction de ports ou d’aéroports.

Nous encourageons aussi d’autres types de projets qui ont pour vocation le développement d’une région, à l’image des projets intégrés des chaînes de valeurs du secteur agricole et de transformation agro-industrielle qui sont connectés à d’autres chaînes de valeurs mondiales d’import et d’export.

L’Afrique a besoin de «champions» régionaux dans tous les domaines, car c’est important pour elle de forger ses propres entreprises en vue de mieux valoriser ses propres ressources.

 

F.N.H. : Pourquoi avoir choisi le Maroc comme pays de départ des travaux du roadshow ?

L. F. M. : Le Maroc est le premier pays où va se faire le roadshow du Forum africain de l’investissement, car le Royaume porte aujourd’hui un intérêt majeur pour la participation et le développement du secteur privé. Le Maroc attire de plus en plus d’investissements étrangers, et cela se remarque dans des secteurs tels que l’automobile et l’aéronautique.

De même, le pays est devenu un acteur régional très important suite à sa présence en Afrique subsaharienne avec 80% des investissements directs étrangers dirigés vers le continent. Sans négliger la grande présence de son secteur financier en Afrique. Il y a donc cette cohésion entre le Maroc et l’Afrique qui aujourd’hui est indéniable.

 

F.N.H. : Quel est concrètement le rôle de la délégation qui accompagne le road-show ?

L. F. M. : En effet, nous avons jugé que le roadshow ne va pas seulement se limiter à identifier les projets que nous porterons à nos chambres transactionnelles lors du forum à Johannesburg, mais aussi d’accompagner et structurer tout le processus du financement.

C’est pour cela que nous disposons de ce qu’on appelle des chargés d’investissements, une cellule de travail à travers laquelle nous offrons de l’assistance technique pour la finalisation des études de projets. C’est une équipe complète qui agit dans différents secteurs, que ce soit dans l’industrie ou dans le secteur financier, etc., et qui veille à accompagner les projets et les faire aboutir. Cette cellule est liée à l’Africa Investment Forum mais qui, in fine, agit sous l’égide de la BAD.

 

F.N.H. : Quelles sont vos attentes du Forum africain de l’investissement ?

L. F. M. : Il est clair que les attentes sont d’identifier les projets porteurs de valeurs ajoutées que nous pourrons accompagner, pas seulement en tant que Banque africaine de développement, mais aussi en tant qu’institution inhibitrice d’investissements, parce que le gap de financement est énorme et les projets sont très importants, nous ne prétendons pas avoir la capacité de financer tous ces projets-là. Nous en avons déjà identifié plusieurs et nous sommes très satisfaits pour le moment des résultats obtenus, mais le plus grand travail reste à faire : trouver le bon financement à ces projets. ◆

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