Près de 80% des personnes interrogées par le cabinet PwC, issues de plusieurs pays, considèrent les risques ESG comme un facteur important dans leurs évaluations d'investissement.
Au Maroc, dans certaines sphères, l’heure est également à la prise en compte des questions ESG.
Par M. Diao
Les entités publiques et privées prennent de plus de plus conscience de la nécessité de s’engager en faveur du climat en posant des actes concrets plus respectueux de la planète, menacée par le réchauffement climatique. Cette tendance de fond à l’échelle mondiale s’est traduite, entre autres, par la mise en place et l’adoption des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Les critères ESG permettent d’évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la stratégie des acteurs économiques (entreprises, collectivités, etc.).
C’est sous cet angle qu’il faut apprécier la teneur de l’étude Global Investor ESG Survey 2021 du cabinet international PwC (présent au Maroc), publiée en novembre 2021 et menée auprès de 325 professionnels de l'investissement. Le document précise en substance que de plus en plus d’investisseurs s’interrogent actuellement sur la notion d’impact positif et négatif des entreprises, dans la mesure où cet impact se conjugue avec leur performance sur le long terme.
Près de 80% des personnes interrogées par le cabinet PwC considèrent les risques ESG comme un facteur important dans leurs évaluations d'investissement, et près de la moitié des investisseurs (49%) questionnés se dit prête à céder sa participation dans les entreprises qui ne prennent pas suffisamment de mesures en faveur des questions ESG. Au regard de ce qui précède, les aspects ESG sont devenus un paramètre-clef aux yeux des investisseurs internationaux.
Quid du Royaume ?
Au Maroc, l’heure est également à la prise en compte des questions ESG. La Bourse de Casablanca, en collaboration avec l’agence internationale indépendante de recherche et services ESG Vigeo Eiris, a mis en place «Casablanca ESG 10», un indice de référence ESG. L’indice Casablanca ESG 10 est un outil pour promouvoir le développement des bonnes pratiques ESG auprès des entreprises qui recourent au marché des capitaux. L’outil est susceptible d’attirer une nouvelle catégorie d’investisseurs intéressés par l’investissement socialement responsable (ISR).
Dans le même ordre d’idées, l’un des plus grands investisseurs du pays, qui n’est autre que le groupe CDG, s’est doté en avril 2022 d’une Charte de développement durable. L’entité publique place ainsi la durabilité au cœur de son modèle de croissance à long terme. A ce titre, il est important de préciser que les décisions d’investissement de CDG Invest prennent en compte les critères ESG.
Maghreb Industries, un cas d’école
Maghreb Industries, qui est le premier producteur de confiserie au Maroc et qui exporte sur les cinq continents, récolte aujourd’hui les fruits de ses efforts d’investissement dans les énergies propres, en l’occurrence le photovoltaïque. En effet, grâce à son usine verte dotée d’un toit d’une superficie de 12.000 m2 , équipé de panneaux solaires, l’entreprise affiche un taux d’autonomie énergétique et d’autoconsommation de 38%. Ce qui constitue un réel gage de compétitivité, à l’heure où la facture énergétique des industriels flambe à cause de la guerre en Ukraine.
«Notre nouvelle installation à Casablanca, alimentée par une centrale solaire de 1,4 mégawatt sur son toit, nous permettra d'établir une nouvelle norme d'excellence en utilisant moins d'empreinte carbone que tout autre fabricant de confiseries», dixit Hakim Marrakchi, PDG de Maghreb Industries. Le business de l’homme d’affaires, une des figures emblématiques du patronat marocain, est promis à un bel avenir, puisque plusieurs investisseurs se bousculent à sa porte car séduits par son parti pris environnemental. Ceci dit, le reporting extrafinancier, qui consiste pour une entreprise à communiquer sur les implications sociales, environnementales et sociétales de ses activités ainsi que sur son mode de gouvernance, est toujours l’apanage des sociétés cotées et de quelques grands groupes publics et privés.
Tout l’enjeu pour les promoteurs du développement durable et des enjeux de long terme est d’amener les structures de taille moins importantes (TPME, collectivités locales, administrations déconcentrées) à accorder plus d’importance aux critères ESG dans leur mode de gouvernance.