Tajeddine Bennis : C’est une rencontre très importante du fait qu’elle regroupe les opérateurs du secteur de l’industrie automobile avec d’autres acteurs concernés par l’activité. Ce genre d’évènement permet de mettre en lumière l’intérêt d’investir dans la filière. C’est une occasion pour échanger et proposer des solutions ou des pistes de réflexion permettant de hisser le niveau du secteur.
La filière automobile présente plusieurs atouts et des opportunités d’affaires intéressantes, surtout que les perspectives d’avenir sont prometteuses. En 2014, le secteur a exporté 40 Mds de DH. En 2020, nous tablons sur 100 Mds de DH.
T. B. : Il y a essentiellement le sourcing vers l’Europe. Aujourd’hui, plusieurs constructeurs sont intéressés par les produits fabriqués au Maroc. Le démarrage de Renault a montré que nous étions capables de faire des produits compétitifs et de qualité. Ce constructeur français, et aussi PSA, ont une longueur d’avance par rapport à d’autres du fait qu’ils ont des usines au Maroc. A partir de sa plateforme de Tanger, Renault exporte des pièces vers son réseau à travers le monde.
Il faut souligner que Ford a mis en place un bureau d’achat à Tanger Free Zone. La firme a déjà procédé à la nomination des premiers fournisseurs d’équipementiers installés au Maroc. Quant à Volkswagen, il a lancé une structure d’achat dédiée pour le sourcing de ses usines dans la péninsule ibérique.
T. B. : Pour recadrer les choses, toute entreprise qui exerce au Maroc est juridiquement une entreprise marocaine. Il ne faut pas donner d’importance au capital, mais plutôt à l’investissement, à la création d’emploi et aux effets d’entraînement sur les autres activités.
L’industrie automobile est une filière exigeante en termes de qualité et de compétitivité. Son fonctionnement est différent des autres activités qui ont besoin de dérogations fiscales ou autres comme l’immobilier. C’est un secteur qui peut avoir de la visibilité sur sept à dix ans, avec des marges certes plus petites, mais des carnets de commandes qui assurent une certaine régularité d’exploitation.
Plusieurs industriels marocains ont pu intégrer le secteur et présentent des résultats encourageants, tels Induver, Tuyauto et Folkemonopole. Avec le projet Renault, ils ont lancé des extensions et ont pu exporter leurs produits vers des marchés très exigeants.
Certaines firmes exportent plus de 80% de leurs productions. D’autres opérateurs, comme Dolidol, ont décidé d‘intégrer l’automobile au niveau de l’équipement des chaises. Ces entreprises ont connu des débuts difficiles, mais elles ont pu s’imposer dans leurs domaines.
T. B. : Le secteur bancaire a ses règles et ses procédures à respecter. Nous sentons vraiment un grand intérêt de la part des banques pour nous accompagner dans notre développement. Je pense qu’elles croient sérieusement en nos potentialités et aux atouts de notre activité. Pour les PME, je dois préciser qu’elles sont garantes de la compétitivité du rang 1. Nous avons intérêt à avoir un tissu industriel de plus en plus dense d’équipementiers de rang 3 et de sous-traitants, et cela entre dans la catégorie des PME.
T. B. : Le tissu industriel faisait à peine 12 Mds de DH de chiffres d’affaires en 2010 avec une valeur ajoutée de 2,5 Mds de DH. En 2014, il est passé à 40 Mds de DH et une valeur ajoutée de 12 Mds de DH qui a été multipliée par 5. En 2016, nous sommes à 60 Mds de DH avec un taux d’intégration de 65%. Cela veut dire que nous ne sommes pas loin de 22 à 23 Mds de DH de valeur ajoutée.
En deux ans, elle a été doublée. Ce qui montre que le tissu industriel n’a pas cessé de se développer et peut ainsi répondre à des demandes de plus en plus grandes. ■
Propos recueillis par C. Jaidani