INDH: l’éducation comme facteur de développement humain

INDH: l’éducation comme facteur de développement humain

Investir dans le capital humain a depuis toujours été synonyme de création de richesse. Quelle meilleure façon d’y parvenir que de miser sur l’éducation et la formation des citoyens !

 

Par M. Boukhari

Placée sous le thème «Qualité des apprentissages, clé du développement humain», la deuxième édition des Assises nationales du développement humain, qui s’est tenue lundi 19 septembre à Skhirat, s’inscrit dans le cadre de l’engagement continu de l’INDH en faveur du développement du capital humain. Elle a pour objectif majeur de mettre en exergue la centralité de la qualité des apprentissages.

La cérémonie d'ouverture de ces assises a été marquée par la présence de plusieurs membres du gouvernement concernés par la mise en œuvre de l'INDH, de représentants d'organismes internationaux et d'institutions publiques, de diplomates et de nombre d'acteurs publics et privés. Au Maroc, la crise sanitaire a frappé de plein fouet le secteur éducatif, accentuant un décrochage scolaire déjà préoccupant : 331.000 enfants ont ainsi quitté le système scolaire au titre de l’année scolaire 2020-2021.

De plus, les fermetures d’écoles affectent de manière disproportionnée les élèves les plus défavorisés, justement ceux qui ne disposent pas des outils numériques qui leur permettraient de bénéficier de l’enseignement à distance. La crise des apprentissages au Maroc a toujours constitué un frein sérieux au développement humain du pays. Les performances des élèves marocains dans les différents tests internationaux et nationaux (PISA, TIMSS, PIRLS, PNEA…) révèlent que les apprentissages dans le système éducatif actuel ne sont pas assimilés par les enfants. À titre d’exemple, chez de nombreux élèves, la lecture, même apparemment acquise, n’est ainsi pas accompagnée d’une compréhension de ce qui est déchiffré. En effet, deux enfants sur trois sont incapables de lire et de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans.

S’exprimant à cette occasion, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a expliqué que cette situation est due principalement «au manque d'acquisition par les apprenants des connaissances de base en matière de lecture, de mathématiques et de sciences, comme le confirment les résultats des concours internationaux dans lesquels les élèves marocains ont, malheureusement, occupé les dernières places du classement par rapport à leurs confrères des pays participants. Ce qui nous appelle tous à redoubler d’efforts pour instaurer un modèle éducatif national capable de relever les défis actuels et futurs et garantir un enseignement de qualité, équitable et durable au profit de l’ensemble des élèves marocains, en particulier en milieu rural et dans les zones reculées». En dépit des efforts consentis, l’acquisition des apprentissages, notamment ceux des compétences de base, demeure faible au niveau national.

En conséquence, les élèves accumulent les difficultés dès les premières années du primaire. Pour Mustapha Chidali, inspecteur de l’enseignement primaire, «il est devenu impératif de remettre en question nos méthodes d’enseignement et de savoir pourquoi les difficultés d’apprentissage persistent, quoique le temps alloué à la remédiation est assez large. Et ce, d’autant plus que quand on prend en considération le décrochage des élèves qui passent du cycle primaire au collégial, on se trouve face à un taux qui frôle les 70% des élèves qui ne parviennent pas à poursuivre leur scolarité».

Pour faire face aux différentes difficultés d’apprentissage rencontrées par les élèves, plusieurs mesures ont été envisagées, dont le soutien scolaire qui constitue «une composante essentielle dans l’ingénierie curriculaire, en général, et dans le curriculum du cycle primaire, en particulier. Nous avons consacré 9 semaines/34 de l’année scolaire à des moments de soutien, de remédiation et de consolidation des apprentissages, ce qui donne un pourcentage de 27% du temps total de scolarité qui est dédié à la remédiation. Pendant ces moments, les enseignants sont appelés à planifier, à gérer des séances de soutien en fonction des difficultés identifiées chez les apprenants», renchérit Chidali.

 

Le rôle central des enseignants

Ces assises s'assignent pour objectifs de mobiliser les différents acteurs du développement humain autour de thématiques importantes et urgentes et d'explorer des pratiques, outils et méthodes innovants se rapportant aux questions relatives au développement humain en général, et au développement du capital humain en particulier. Et ce, en vue de donner une visibilité accrue aux activités de l'INDH et de partager les bonnes pratiques au niveau de l’écosystème national du développement humain.

Pour ce qui est du rôle crucial de l'enseignant comme pilier de l'acquisition des apprentissages, Youssef El Azhari, directeur du Centre national des innovations pédagogiques et des expérimentations (CNIPE), a expliqué que «nous avons aujourd’hui une littérature très abondante qui souligne le rôle majeur et déterminant des enseignants dans la réussite de l’élève. Ce rôle est encore plus crucial dans des pays en développement. Il se trouve que dans la plupart des cas, malheureusement, le système récupère des jeunes qui font ce métier par défaut. En général, ils n’ont ni la maîtrise des disciplines qu’ils enseignent ni la formation pédagogique qu’il faut, et très souvent ils manquent de motivation». Citant le rapport de McKinsey sorti en 2007, le directeur du CNIPE précise que «les systèmes qui réussissent le mieux ont en commun trois caractéristiques : Ils sélectionnent les meilleurs étudiants pour en faire des enseignants, leur accordent la meilleure formation holistique possible et font en sorte à ce que chaque apprenant et apprenante bénéficie de la meilleure éducation possible. Comme quoi, ça ne suffit pas de cibler quelques écoles ou de mettre en place un système d’excellence».

Depuis son lancement en mai 2005 par le Roi Mohammed VI, l'INDH s’est résolument engagée dans la lutte contre la précarité et l’exclusion sociale sous toutes ses formes au sein de la société marocaine. Ce chantier de règne, dont la troisième phase (2019-2023) a été lancée par le Souverain le 19 septembre 2018, a recentré son action sur l’impulsion du capital humain au Maroc, tout en capitalisant sur les acquis des deux premières phases. A titre d’exemple, l’INDH œuvre en faveur de la lutte contre le décrochage scolaire, notamment dans le milieu rural, à travers le développement d’un réseau de structures d’hébergement des élèves de type Dar Taliba et le déploiement du transport scolaire.

 

 

 

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