Inclusion financière: du chemin reste à faire

Inclusion financière: du chemin reste à faire
DOSSIER SPÉCIAL MONÉTIQUE

 

Le système financier marocain doit mettre à profit les avantages avérés de la monétique afin de développer davantage d’offres «alternatives» et adaptées aux segments à faible revenu.

 

Par M. Diao

 

Aujourd’hui, la dimension inclusive est une donne majeure pouvant attester ou pas de l’opportunité de la mise en place d’une stratégie nationale ou d’une politique publique. Les pays émergents, dont le Maroc, sont conscients de l’urgence de miser sur des stratégies allant dans le sens de l’inclusion de la plus grande partie de la population dans le processus de progrès.

Et ce, afin de réduire le creusement des inégalités économiques, sociales et financières. Le Maroc s’est attelé à la mise en place d’une Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF), censée faciliter l’accès des personnes les moins favorisées aux différents services et produits financiers (comptes bancaires, transactions, épargne, assurances, etc.). La monétique, qui peut être considérée comme l’ensemble des technologies mises en œuvre pour l’utilisation des cartes bancaires et qui permet des échanges d’argent de manière complètement dématérialisée, s’avère être un levier d’inclusion financière.

D’ailleurs, la SNIF, qui identifie comme levier parmi tant d’autres la création des conditions d’un plus grand usage des produits financiers, mentionne le rôle catalyseur de la dématérialisation des paiements, en particulier ceux entre l’État et les usagers. De fait, l’inclusion financière passe également par le développement et l’adoption des moyens de paiement électronique, de plus en plus accessibles aux personnes vulnérables à cause de la baisse des coûts.

Le nombre de transactions effectué en sécurité grâce à la monétique peut constituer un baromètre non moins important de l’inclusion financière. D’après les chiffres du Centre monétique interbancaire (CMI), les réalisations globales de l'activité monétique au Maroc se sont établies à 375 millions d'opérations pour un total de 322 milliards de dirhams en 2020. Pour rappel, l’activité englobe les opérations de retrait d'espèces sur le réseau des guichets automatiques bancaires (GAB), les opérations de paiement auprès des commerçants et eMarchands, les transactions de paiement sur les GAB et les opérations de Cash Advance, par cartes bancaires, marocaines et étrangères.

En 2020, l’activité monétique a tout de même affiché une régression de 9,4% en nombre d'opérations et de 7% en montant par rapport à 2019. Au-delà de ces chiffres, en matière d’inclusion financière, force est d’admettre que le pays a parcouru un grand chemin, si l’on se fie aux derniers chiffres relayés par la Banque centrale. En effet, le taux de bancarisation s'est établi à 78% à juin 2020, avec un nombre d'habitants par guichet qui tourne autour de 5.500. Par ailleurs, l’enjeu de taille est l’inclusion financière des habitants du monde rural qui affichent généralement un profil socioéconomique moins avantageux que celui des citadins.

En définitive, la monétique ne peut être qu’une composante pour l’accélération de l’inclusion financière des personnes exclues, mais aussi des microentreprises et TPE qui n’ont pas de comptes bancaires parfois.

 

Ces obstacles à l’inclusion financière
Le document portant sur la Stratégie nationale de l’inclusion financière, qui s’appuie sur plusieurs enquêtes, note que les principaux freins à l’inclusion financière sont liés aux facteurs socioéconomiques parfois peu favorables à la démocratisation des comptes bancaires. Il est édifiant de constater que 72% des adultes n’ayant pas de comptes considèrent l’insuffisance des fonds comme l’un des obstacles à la bancarisation. 48% des adultes non bancarisés déclarent que le manque d’argent est l’unique raison pour laquelle ils n’ont pas de compte. Au regard de ce qui précède, il est clair que le système financier marocain doit mettre à profit les avantages avérés de la monétique afin de développer davantage d’offres «alternatives» et adaptées aux segments à faible revenu. Ces offres alternatives sont nombreuses (compte de paiement, micro-épargne, micro-assurance, etc.).

 

 

 

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