- Les promoteurs ont rendu public leurs propositions censées relancer le secteur. Ils préconisent de revoir les programmes du logement social et du moyen standing et de créer un Observatoire de l’immobilier.
- Une nouvelle approche intégrant toute la chaîne de valeur est nécessaire.
Le secteur de l’immobilier est marqué par un certain marasme qui tend à perdurer, et les professionnels de l’activité ont manifesté à maintes reprises leurs inquiétudes. C’est dans ce contexte que le nouveau bureau de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) est monté au créneau pour présenter une série de mesures de relance.
«Nous voulons dessiner un nouveau visage pour nos villes dans le cadre d’un écosystème responsable et proche du citoyen», déclare Taoufik Kamil, président de la FNPI, qui présentait les mesures de relance préconisées par la Fédération lors d’une conférence de presse à Casablanca.
Rappelons qu’un mémorandum a déjà été adressé en avril dernier au ministère de tutelle comportant une feuille de route avec des objectifs et des délais précis.
«Dans le but d’accompagner une nouvelle dynamique et proposer une solution globale, il est question de relancer l’ensemble de la chaîne de valeur et aussi de responsabiliser tous les intervenants dans l’acte de bâtir par rapport à la qualité des produits édifiés», souligne Rachid Khayatey Houssaini, vice-président de la FNPI.
Les professionnels n’ont pas manqué de mettre l’accent sur la nécessité d’instaurer un statut du promoteur pour professionnaliser l’activité. L’idée est de faire face aux intrus qui ne respectent ni la qualité requise ni les délais, à l’instar de certaines coopératives immobilières.
147 signatures nécessaires !
Afin de simplifier les procédures administratives, la Fédération recommande de revoir les modalités de fonctionnement du guichet unique et de renforcer la place du digital dans l’octroi et l’instruction des autorisations.
«Il faut aujourd’hui 147 signatures et 18 mois pour autoriser un projet immobilier. Les promesses du gouvernement pour améliorer le climat des affaires n’ont pas été respectées», regrette Kamil.
Les promoteurs relancent aussi l’idée de création d’un Observatoire de l’immobilier afin de donner des informations précises et neutres sur le secteur. «Ces données vont nous permettre de corriger les différentes lacunes et d’investir les pistes qui peuvent booster le secteur», affirme Driss Nokta, vice-président de la FNPI.
Sur le volet fiscal, et pour répondre aux besoins du marché en termes de logement, les promoteurs proposent d’exonérer le programme de lutte contre les bidonvilles de tous les impôts et taxes ainsi que des droits d’enregistrement et de la Conservation foncière. Quant aux bénéficiaires des crédits Fogarim, ils doivent être exonérés de la TVA.
Parmi les recommandations, figure aussi l’élargissement des catégories éligibles au logement social ainsi que des surfaces à bâtir. Celles-ci ne doivent plus être limitées à 50 m2, mais comprises dans une fourchette entre 35 et 75 m2 habitables, à commercialiser à 5.000 DH HT/m2.
Pour encourager les petits promoteurs, la Fédération propose de réduire le seuil minimum de conventionnement à 250 logements. Dans ce domaine, il est opportun de revoir les conditions d’établissement des conventions avec de vrais professionnels respectueux des normes et des qualités.
Mieux servir la classe moyenne
S’agissant de la classe moyenne, la FNPI a formulé des propositions ciblées prévoyant un nouveau dispositif pour les jeunes ménages désirant acquérir un logement d’une superficie pouvant atteindre jusqu’à 100 m2. Ce segment nécessite la création de zones d’aménagement concertées, en plus d’une révision à la hausse de 35% des surfaces à bâtir (densité ou verticalité). Quant au produit de 80 m2, le prix de vente ne devra pas dépasser
6.000 DH/m2 (HT).
Les promoteurs proposent également de pouvoir contribuer financièrement à un fonds d’équipement global qui serait géré par les Centres régionaux d’investissement (CRI). Ce dernier utilisera ce fonds à bon escient en fonction des besoins réels en équipements des habitants de la zone concernée.
Les responsables de la FNPI n’ont pas manqué cette occasion pour évoquer la nécessité de revoir la stratégie du logement rural qui doit prendre en considération les spécificités régionales.
Pour le segment du locatif et du leasing immobilier, la Fédération recommande de prévoir la fixation de coefficients de réévaluation par région et par ville afin de tenir compte de l’évolution de l’économie réelle. Concernant la défiscalisation du plan épargne logement, la FNPI propose que le plafond soit augmenté à 1 million de DH (au lieu de 400.000 actuellement) et ce, afin que les PEL puissent contribuer à la mobilisation de l’épargne et faciliter l’accès au logement. ■
Statut du promoteur
La FNPI prône l’instauration du statut de promoteur à l’instar d’autres pays afin d’organiser la profession et assurer une bonne qualité des produits livrés. L’opérateur devra répondre à certaines conditions avant d’exercer, comme la signature d’un engagement de transparence totale au niveau de la déclaration fiscale et des prix. Il est question aussi de signer auprès de la FNPI une charte d‘éthique, qui sera instruite également par le département de tutelle.
Par Charaf Jaidani