Génération Green: la stratégie sectorielle doit combler les lacunes du PMV

Génération Green: la stratégie sectorielle doit combler les lacunes du PMV

La lutte contre la sécheresse sera le principal défi.

Retard dans les investissements pour construire les barrages et les canaux d’irrigation.

 

Par C. Jaidani

Après dix ans (2011- 2020), le Plan Maroc Vert (PMV) a laissé la place à «Génération Green» qui couvre la période 2020- 2030. Dans l’ensemble, le bilan de la stratégie sectorielle est, pour le gouvernement, une réussite même si elle présente quelques limites. Lors de son intervention devant la Chambre des représentants pour s’exprimer sur la question de la souveraineté alimentaire, Aziz Akhannouch, chef de l’exécutif, a affirmé que «Génération Green» a été justement pensée et lancée pour combler les lacunes, corriger les imperfections et renforcer les acquis du PMV. Avec la flambée des prix des produits alimentaires, particulièrement les plus consommés comme les oignons, les tomates et les pommes de terre, le PMV a essuyé de sévères critiques, notamment pour son incapacité à assurer l’autosuffisance alimentaire et aussi pour la surexploitation de l’eau qui a réduit les réserves des barrages et épuisé la nappe phréatique.

«Nous acceptons les critiques, mais nous rejetons que les citoyens soient induits en erreur avec des fake news. Le PMV n’a jamais eu pour vocation d’atteindre l’autosuffisance de notre pays dans tous les produits agricoles. Le Maroc continuera d’importer une partie de ses besoins de l’étranger, particulièrement les céréales qui nécessitent de grandes quantités d’eau et de vastes terres agricoles que notre pays ne possède pas. Il peut être autosuffisant dans les produits laitiers, les viandes, les fruits, les légumes ou autres», a rétorqué Akhannouch. Il a pointé du doigt la crise sanitaire qui a augmenté les coûts des intrants et aussi la sécheresse que le Maroc n’a jamais connue d’aussi sévère depuis le début des années 80. Tous les indicateurs présentés dernièrement confirment ce constat.

«2022 a été l’année des extrêmes météorologiques au Maroc, une saison chaude et sèche. C’est l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc depuis plus de 40 ans. L’anomalie de la température moyenne annuelle a atteint +1,63°C par rapport à la normale climatologique calculée sur la période 1981-2020. L’année agricole, qui coïncide avec la saison hydrologique du 1er septembre au 31 août 2022, a été aussi la plus sèche durant au moins les 40 dernières années, avec un déficit pluviométrique de 46%», explique Abdelfettah Sahibi, Directeur général de la météorologie nationale. Le réchauffement climatique ne touche pas uniquement le Maroc, mais c’est un phénomène mondial qui impacte plusieurs pays, dont notamment l’Europe, connus par leurs excédents hydriques.

La lutte contre la sécheresse passe nécessairement par le développement des capacités de stockage en eau. Il est question aussi de promouvoir une gestion efficiente des ressources hydriques à travers les techniques d’irrigation les plus économes en eau et la lutte contre le gaspillage. Outre la mobilisation des eaux de surface et souterraines, l’option de dessalement est également pertinente pour renforcer les réserves en eau. Il y a aussi l’interconnexion des bassins hydriques du nord et ceux du sud, à savoir celui de Sebou et Bouregreg. Sur le plan agronomique, il est essentiel de développer des variétés de semences et de cultures résistantes à la sécheresse. 

 

Le Maroc importe de l’eau plus qu’il en exporte
Le PMV a été critiqué sur la question hydrique. On lui reproche de favoriser des cultures dédiées à l’export très consommatrices en eau. A ce sujet, Akhannouch a apporté quelques explications en affirmant que «le Maroc exporte l’équivalent de 1,8 milliard de m3 d’eau. En contrepartie, l’équivalent en eau de ses importations de céréales, de sucre et d’oléagineux atteint 20 milliards de m3. Le PMV, avec notamment sa composante d’irrigation, a permis d’économiser 2 milliards de m3 d’eau». Le chef du gouvernement a pointé du doigt les gouvernements antérieurs qui n’ont pas pu réaliser les investissements nécessaires pour multiplier les barrages et canaux d’irrigation et moderniser le réseau existant.

 

 

 

 

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