L’arbre est préconisé pour le climat semi-aride ou sec. Il peut être planté dans des terrains accidentés ou pauvres.
En valeur, son rendement à l’hectare dépasse largement celui des céréales ou des légumineuses.
Par C. Jaidani
La filière de la caroube existe depuis longtemps au Maroc. Elle est le plus souvent pratiquée d’une façon traditionnelle. Elle est cultivée pour ses fruits comestibles et sucrés qui sont riches en différents éléments nutritifs. Contrairement aux céréales, aux légumineuses ou à l’oléiculture, elle était considérée comme une activité de second plan. Mais avec le Plan Maroc Vert (PMV), elle a connu un véritable bond en avant, au point que le Royaume est devenu le deuxième producteur mondial (50.000 tonnes) derrière l’Espagne.
Le Maroc est également le premier exportateur mondial, avec une part de marché de 60%. Les produits exportés sont destinés essentiellement à l’Europe. Pour améliorer les revenus des petits fellahs, la stratégie agricole a privilégié des cultures moins vulnérables aux aléas climatiques, faciles à implanter et présentant une marge bénéficiaire plus importante que les cultures traditionnelles. En effet, le rendement à l’hectare de la caroube varie entre 1 tonne pour un terrain peu fertile ayant une densité de 40 arbres, et 4, voire 5 tonnes/ hectare pour un terrain se situant dans le bour favorable ou une zone irriguée. Le kilo de la caroube oscille entre 50 et 70 DH, alors que celui du blé tourne autour de 3 DH/kilo.
Les vergers adultes peuvent produire jusqu’à 300 kg. Au total, un hectare de caroube rapporte au moins 50.000 DH, pour atteindre parfois 350.000 DH, soit un rendement largement supérieur à celui du blé. C’est pour cette raison que le PMV l’a préconisée pour les petites exploitations de moins de 5 hectares, une façon de reconvertir les filières à faible valeur ajoutée et lutter ainsi contre la pauvreté. «Ce sont des implantations qui ont un rapport coût d’exploitation/ rendement très compétitif. Certes, les récoltes ne commencent en moyenne qu’à partir de la sixième année, mais c’est un arbre qui peut vivre au-delà de 400 ans. L’avantage de la filière est qu’elle est parfaitement adaptée au climat semi-aride du Maroc. Résistante à la sécheresse et aux maladies, le caroubier peut produire dans des terrains pauvres ou accidentés», affirme Mohamed Laâroussi El Alami, un grand opérateur de la caroube dans la région de Khémisset.
La filière existe dans plusieurs régions du Royaume, bien qu’elle soit plus présente à Abda et à Souss et, dans une moindre mesure, à Taounate. Ces régions participent pour près de 93% à la production nationale. Afin de donner une nouvelle impulsion à la filière, cette branche a besoin d’un contratprogramme pour accompagner les exploitants tant au niveau technique qu’au niveau commercial. Le but étant d’améliorer la qualité, la productivité et promouvoir les produits sur le marché national et international. Pour y parvenir, il faut développer des variétés parfaitement adaptées à chaque terroir et lancer des sessions de formation aux fellahs. Le regroupement des exploitants en associations et en coopératives est également nécessaire.