Exportations : l’aéronautique prend de l’altitude

Exportations : l’aéronautique prend de l’altitude

 

Les bonnes performances de la branche aéronautique, notamment au niveau des exportations qui ont progressé de 10,3% à fin juillet 2017, sont à relier à une conjonction de facteurs.

 

 

La bonne moisson du secteur aéronautique sur lequel compte le pays afin d'activer le processus d’industrialisation, est encore une fois confortée par les bons chiffres réalisés à l’export.

Les dernières données montrent que les ventes à l’étranger de la branche, érigée parmi les piliers-phares du Plan d’accélération industrielle (PAI), ont progressé de 10,3% pour atteindre 5,8 Mds de DH. Ce qui est de bon augure au regard des objectifs ambitieux inhérents au contrat-programme avec l’Etat.

En clair, il s’agit pour le secteur aéronautique de générer 30.000 emplois, 200 entreprises, tout en portant le taux d’intégration locale à 35%, avec l’objectif d’épauler 50 porteurs de projets et PME marocaines.

Contacté par nos soins afin de décortiquer les raisons de la bonne performance affichée par la branche aéronautique nationale, Ali Zemrani, Directeur général de l’Usinage mécanique de précision au Maroc (UMPM), qui traite avec de grands donneurs d’ordres internationaux pour ne citer que le groupe Auvergne aéronautique et Messier-Bugatti (groupe Safran), est formel. «Il faut relier la forte croissance des exportations de l’industrie aéronautique marocaine à l’accroissement de la demande des grands donneurs d’ordres étrangers, en quête de meilleurs coûts d’approvisionnement dans les pays dits low cost», affirme-t-il.

Notons ainsi que Safran, groupe industriel et technologique français, présent dans les domaines de l’aéronautique, de l'espace et de la défense, ambitionne de baisser de l’ordre de 15% les coûts de ses nouveaux projets.

Outre le facteur coût, les grands donneurs d’ordres mondiaux sont de plus en plus enclins à réduire le nombre de leurs fournisseurs directs, tout en misant sur l’externalisation accrue vers les pays émergents.

 

Conjoncture favorable

 

Il ne fait aucun doute que le Maroc, à l’instar d’autres pays émergents (Malaisie, Mexique), s’est érigé en un bastion compétitif de l’industrie aéronautique mondiale.

Il suffit de se pencher sur la longue liste des grands donneurs d’ordres (EADS, Boeing, Safran, Bombardier, etc.) qui font confiance au pays en s’y implantant ou en s’approvisionnant auprès de fournisseurs qui y ont posé leurs valises.

Au regard de l’évolution de la demande au cours des deux décennies à venir, il y a fort à parier que le secteur a encore de beaux jours devant lui. En clair, d’ici 2035, ce sont plus de 40.000 avions supplémentaires qui seront fabriqués.

D’ailleurs, au cours des 20 années à venir, les compagnies aériennes chinoises devraient acheter plus de 7.000 avions pour près de 1.100 milliards de dollars. Cela dit, Ali Zemrani n’a pas manqué de souligner un autre facteur déterminant et particulièrement profitable à la branche aéronautique nationale. Il s’agit de l’absence d’une concurrence âpre à l’échelle mondiale. «Il existe peu d’acteurs au niveau mondial. Ce qui incite les donneurs d’ordres étrangers à vouloir s’implanter au Maroc».

Il est toutefois judicieux de préciser que le ministère de tutelle et le Groupement des industries marocaines et spatiales (Gimas), qui ont travaillé de concert pour mettre en place les écosystèmes de l’aéronautique, sont conscients de la nécessité de monter en niveau, notamment en termes d’ingénierie et de maintenance. La sécurité, l’innovation, la performance et la livraison à temps sont autant d’exigences des donneurs d’ordres que les acteurs évoluant au Maroc s’emploient au mieux de satisfaire. ■

 

Par M. Diao

 


Quid des domaines hautement technologiques ?

Tout en saluant le soutien de l’Etat apporté au secteur, le patron d’UMPM n'y va pas par quatre chemins, pour répondre à la question de savoir si la destination Maroc pourrait sortir de la sous-traitrance pour le compte des grands constructeurs afin d’intégrer le peloton des pays (USA, UE) disposant de savoir-faire dans les domaines hautement technologiques et à haute valeur ajoutée. Il est encore difficile de concurrencer les pays occidentaux leaders dans les domaines de pointe de la construction aéronautique, car ils disposent pour l’instant de la technologie», confie-t-il sans concession. Toujours est-il que l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), dirigé par Hamid Benbrahim El Andaloussi et qui a ouvert ses portes en 2011, s’emploie à former des opérateurs, des techniciens et des middle-managements. Du reste, l’installation de Thalès, groupe d'électronique spécialisé entre autres dans l'aérospatiale, la défense et la sécurité, avec l’ouverture de son centre d’impression 3D métallique, constitue en quelque sorte un pas vers l’émergence de filières à grand contenu technologique. Pour notre interlocuteur, si ce projet rencontre le succès escompté, d’autres acteurs électroniques étrangers pourraient être tentés par la destination Maroc, désormais visible sur les radars internationaux aéronautiques.

 

 

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