Au-delà de la compétition qui attire des millions de spectateurs et téléspectateurs, le Mondial 2030 sera un catalyseur de changements profonds. Et ce, particulièrement dans les domaines économique et social. Dans ce cadre, les communautés locales marocaines auront un rôle clé à jouer et bénéfi cieront directement de cet événement mondial.
L'organisation de la Coupe du monde ne se limite pas à la compétition sportive en elle-même; elle représente un levier essentiel pour dynamiser les communautés locales et accélérer les transformations à l’échelle nationale. La préparation de cet événement impliquera la réalisation de nombreux chantiers d’infrastructures. Ces projets structurels, qui seront mis en place d’ici 2030, auront un impact considérable sur le développement du pays. Parmi les plus importants, on note la construction du train à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra, Marrakech et Agadir, ainsi que la modernisation des aéroports et ports du Maroc, des infrastructures sportives et des réseaux routiers. Ces projets créeront de la richesse et de nombreux emplois, notamment pour les jeunes marocains, dans des secteurs diversifiés comme le BTP, le transport, l’hôtellerie et les services publics.
«Cette vision ambitieuse vise à doubler le PIB du pays, passant de 130 milliards de dollars en 2021 à 260 milliards de dollars en 2035. Ainsi, accueillir un événement mondial tel que la Coupe du monde, suivie par plus de 10 milliards de personnes à l’échelle internationale, s’inscrit pleinement dans cette dynamique de croissance. L’impact positif de cette manifestation se fera sentir avant, pendant et après l’événement, tant sur le plan économique que social. En 2030, la combinaison de l’événement sportif et des réformes économiques permettra au Maroc de connaître une croissance exceptionnelle, estimée à 7-8%», explique Mohamed Jadri, économiste. Et de poursuivre : «L’ampleur de ces chantiers, combinée à la demande accrue en main-d’œuvre qualifiée, générera une croissance rapide de l’emploi dans les années à venir.
De nombreux jeunes auront ainsi l’opportunité de participer à des projets d’envergure, contribuant à l’essor économique du pays. En outre, pendant la Coupe du monde, des milliers d’emplois temporaires seront créés, notamment dans les secteurs de l’événementiel, du tourisme, des médias et de la publicité. Les entreprises locales et internationales, les agences de communication et les hôtels bénéficieront d’une demande exceptionnelle, ce qui contribuera à la création de richesse».
Une dynamique économique à long terme
En outre, Jadri estime que le focus médiatique généré par cet événement sera une occasion unique de promouvoir le pays comme destination touristique, et de faire connaître sa richesse culturelle et ses infrastructures modernes. «Comme cela a été le cas pour d’autres pays hôtes comme la Russie ou le Qatar, la Coupe du monde 2030 suscitera un intérêt international pour le Maroc, bien au-delà de l’événement sportif luimême. Après la compétition, de nombreux touristes seront attirés par le Maroc, augmentant ainsi l’afflux touristique et contribuant à l’objectif du pays d’atteindre 26 millions de touristes en 2030, avec une prévision de 30 millions d’ici 2035», fait savoir l’économiste.
Force est de constater que l’impact du Mondial 2030 ne se limitera donc pas à l’année de l’événement, mais favoriserait une dynamique économique à long terme, soutenue par les infrastructures, la promotion du tourisme et la croissance de nouveaux secteurs d’activités. En ce qui concerne les principaux enjeux de l’accueil de la Coupe du monde, Jadri considère qu’il est impératif que le Royaume modernise son réseau de transport, en particulier en ce qui concerne les taxis et les applications de transport.
«Actuellement, les taxis marocains, dans leur forme traditionnelle, ne répondent pas aux attentes des touristes internationaux, en particulier ceux venant d’Europe et d’Asie, qui sont habitués à des services modernes comme Uber, Careem ou InDrive. Il est donc essentiel de régulariser et d’encadrer l’utilisation des applications de transport au Maroc, afin d’assurer une expérience homogène pour les visiteurs, quel que soit le pays où ils se trouvent. Il serait incohérent qu’un spectateur puisse utiliser ces applications dans des pays comme l’Espagne ou le Portugal, mais trouve leur usage illégal au Maroc. Ce genre d’incohérence pourrait nuire à l’image du pays et à la fluidité du transport des touristes».
Exploitation durable des infrastructures
Un autre aspect fondamental à repenser, selon cet expert, reste l’exploitation des infrastructures sportives. De fait, des investissements massifs sont en cours pour construire et rénover des stades à travers le pays, comme le stade Hassan II de Benslimane, qui va nécessiter plus de 5 milliards de dirhams d’investissements. Toutefois, «il est incompréhensible que ces infrastructures, une fois l’événement passé, restent souvent inutilisées pendant de longues périodes, n’accueillant que quelques matchs par mois, comme ceux du WAC ou du Raja. Ce modèle d’exploitation, basé essentiellement sur l’événementiel ponctuel, est loin d’être optimal et ne permet pas de rentabiliser ces investissements colossaux», précise Jadri.
D’après lui, il serait donc temps d’envisager une exploitation durable et diversifiée de ces infrastructures. «Plutôt que de les laisser fermées une grande partie de l’année, il serait pertinent de les transformer en espaces ouverts et vivants tout au long de la semaine. Ces stades pourraient intégrer des commerces (malls), des restaurants, des cafés, des espaces de jeux, des bibliothèques et des salles de conférence, tout en accueillant des événements culturels et artistiques (concerts, expositions, etc.). Ce modèle permettrait non seulement de maximiser les retombées économiques des infrastructures sportives, mais aussi d’offrir des lieux de rencontre et de culture pour la population locale, tout en attirant un tourisme tout au long de l’année», détaille-t-il.
En somme, la Coupe du monde 2030 sera un tournant pour l’économie marocaine. Elle servira de moteur pour moderniser les infrastructures du pays, créer des emplois durables, stimuler la croissance et offrir au Maroc une visibilité internationale renforcée, positionnant le pays parmi les destinations les plus attractives à l’échelle mondiale.