Entretien. «Le plan Halieutis a donné des résultats impressionnants»

Entretien. «Le plan Halieutis a donné des résultats impressionnants»

Avec deux façades maritimes d’une longueur de plus de 3.500 km, le Maroc dispose d’un potentiel halieutique important. Pour le promouvoir et le pérenniser, il est question d’assurer une exploitation rationnelle. Entretien avec Jawad Hilali, président de la Fédération des pêches maritimes (CGEM) et de la Chambre des pêches maritimes du Centre.

 

Finances News Hebdo : Comment se présente l’état des lieux du secteur de la pêche maritime ?

Jawad Hilali : Le secteur se porte très bien en ce moment. Nous sommes passés par des hauts et des bas, parfois par des périodes très délicates qui ont poussé pas mal d’entreprises à la faillite. Un gros effort a été consenti par le département de tutelle pour la restructuration du secteur. Pour leur part, les professionnels ont adhéré à cette initiative. Le plan Halieutis a répondu favorablement aux attentes des opérateurs du secteur. Pour la première étape qui devrait s’achever prochainement, des résultats impressionnants ont été obtenus grâce à ses plans d’aménagement, ses zonings imposés, ses mesures de contrôle, les repos biologiques pour assurer la pérennité des ressources.

 

F. N. H. : Vous estimez donc que Halieutis a donné les effets escomptés… ?

J. H. : Je rappelle que le secteur a traversé des moments difficiles, mais grâce à Halieutis, l’activité est passée de la phase d’agonie à une phase de résurrection, puis d’expansion et de développement. Les professionnels ont compris qu’ils doivent aller dans le même sens que le département de l’Agriculture et des Pêches maritimes pour l’intérêt de tout le monde. Ce ministère défend la ressource et les professionnels en dépendent.

 

F. N. H. : Qu’en est-il de la valorisation des ressources ?

J. H. : Le comparatif entre la période d’avant Halieutis et actuellement est sans équivoque. La valorisation des ressources s’est nettement améliorée au profit des opérateurs du secteur et toute la chaîne de valeur de l’activité. Avec la deuxième phase de Halieutis II qui sera lancée prochainement, il faut s’attendre à de nouvelles améliorations. A ce sujet, le département de tutelle a organisé plusieurs rencontres avec les professionnels, notamment les chambres et les associations de pêche maritime, la CGEM, pour établir le deuxième plan qui devrait apporter de nouvelles mesures très importantes afin d’assurer la pérennité de la ressource et permettre de meilleures conditions d’exploitation pour les opérateurs.

 

F. N. H. : Existe-t-il des contraintes particulières qui perturbent la réalisation du plan Halieutis ?

J. H. : Malheureusement, il existe quelques contraintes qui impactent la stratégie et qui sont plus relatives aux infrastructures portuaires et aux démarches administratives. Par exemple, le port d’Agadir, qui est l’un des importants sites de pêche du Royaume, est très encombré. Il nécessite une extension. Pour le débarquement, le ravitaillement des bateaux de pêche ou autres, les opérations se font dans des conditions difficiles. Il est donc essentiel d’apporter de nouvelles améliorations pour permettre au plan Halieutis de prendre le large et contribuer efficacement à l’économie nationale.

 

F. N. H. : Avez-vous ressenti les effets de la crise sanitaire sur l’activité de la pêche ?

J. H. : En dépit de la pandémie et de la mauvaise conjoncture, le secteur de la pêche a continué de fonctionner. Il a fait face à plusieurs aléas et contraintes. A ce sujet, il faut saluer les marins et toutes les personnes travaillant dans la filière qui ont fait preuve d’un sens élevé de responsabilité et de sacrifice. Il faut reconnaitre que l’activité a été touchée de plein fouet, car elle dépend des exportations représentant des parts très importantes pour la filière. Quelques perturbations ont touché la chaîne de valeur, notamment la fermeture des usines de transformation des produits halieutiques. Ces produits sont périssables, on ne peut pas les conserver longtemps en congélation, et donc il faut les détruire. La demande a été également impactée par la fermeture des restaurants et des unités hôtelières touristiques. La baisse du pouvoir d’achat de certaines familles a réduit également la consommation. La marge bénéficiaire des entreprises a beaucoup baissé, mais la hausse des captures a par la suite compensé quelque peu ce manque à gagner. Ce qui est sûr, nous sommes loin du niveau d’avant Covid-19, même si les prémices de la reprise commencent à se préciser.

 

F. N. H. : Au niveau du volet législatif et réglementaire, pensez-vous que le code maritime a besoin de quelques réformes ?

J. H. : Le secteur des pêches maritimes est en plein essor. Il est constamment en perpétuelle transformation. Le cadre juridique et législatif de l’activité doit suivre cette évolution et s’arrimer aux meilleures normes et textes de loi véhiculés à l’international. Le code maritime actuel est assez complet, mais il nécessite de temps à autre quelques réformes pour être en harmonie avec son environnement. Ces réformes doivent être menées en commun accord entre les professionnels et l’Administration. Il s’agit d’un travail de concertation à travers des discussions élargies impliquant tous les acteurs concernés. L’objectif est de trouver un terrain d’entente en vue de créer des textes de loi qui répondent aux besoins de l’activité pour aller de l’avant.

 

 

 

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