Entretien. «Avec l’intégration, l’Afrique sera le plus grand marché unique mondial»

Entretien. «Avec l’intégration, l’Afrique sera le plus grand marché unique mondial»

Il existe des startups africaines qui ont connu un essor remarquable et sont devenues des acteurs de référence dans leurs secteurs.

Le continent regroupe 17% de la population mondiale, mais ne représente qu' 1% du capital-risque.

Entretien avec Fattoumata Ba, entrepreneure en technologie.

 

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Quel est votre avis sur la quatrième édition de Choiseul Africa Business Forum ?

Fattoumata Ba : Cet événement est devenu incontournable pour les décideurs, les investisseurs et les responsables de nombreux pays émanant aussi bien du secteur public que privé. Le forum regroupe plus d’un millier de participants pour débattre du développement en Afrique. La qualité des intervenants et les axes traités montrent la pertinence de cette rencontre. Le succès des précédentes éditions est un gage de réussite pour cette quatrième édition. La souveraineté économique est une thématique qui colle parfaitement à l’actualité. C’est un objectif qui permettra au continent d’être résilient face aux crises qui le secouent. L’Afrique est une zone vulnérable aux tensions géostratégiques. Elle a été frappée de plein fouet par les pandémies, les crises alimentaires et économiques. Il est opportun de discuter des moyens pour renforcer cette résilience.

F.N.H. : Quel rôle peut jouer l’intégration africaine pour assurer la souveraineté  économique du continent ?

F. B. : L’intégration est importante. On l’a vue en Europe où intégration et souveraineté économique vont de pair. Mais ce continent a un poids économique, politique et militaire plus important. Actuellement, l’Afrique regroupe 1,2 milliard d’habitants. Dans 3 ans, sa population atteindra 2,5 milliards. Le PIB est de 3.000 milliards de dollars. Si l’on réussit l’intégration, le PIB devrait dépasser les  8.000 milliards de dollars et accélérer notre souveraineté économique. Le continent sera alors le plus grand marché unique mondial. Le commerce intra-africain évolue entre 12 et 15% des échanges, ce qui est insuffisant pour atteindre l’intégration. Au moment où ’Union européenne est à plus de 60% des échanges communautaires.

F.N.H. : Pensez-vous que la nouvelle génération d’entrepreneurs peut contribuer à cette intégration ?

F. B. : J’ai la chance d’investir dans cette nouvelle génération d’entrepreneurs et d’en faire partie depuis dix ans. Il existe des startups africaines qui ont connu un essor remarquable et sont devenues des acteurs de référence dans leur secteur. Ces entreprises technologiques sont parties de l’imagination de simples porteurs de projets pour devenir PME et finir par être de grandes structures. Ce genre de sociétés arrive à transcender les obstacles existants entre les Etats et sauter des étapes de développement. Elles peuvent alors se développer facilement à travers les frontières en accédant à des services financiers mobiles. La technologie est un acteur de développement économique important.

F.N.H. : Vous accordez beaucoup d’intérêt au volet technologique pour que les entreprises africaines prennent rapidement de l’élan. Qu’en est-il au juste ?

F. B. : En Afrique, la logistique a un coût très prohibitif, qui n’aide pas les PME africaines à être compétitives, que ce soit sur un marché domestique ou à l’international. Quand une entreprise africaine veut exporter vers l’Europe, elle doit passer par plusieurs intermédiaires qui n’apportent aucune valeur ajoutée aux transactions, mais prennent des commissions. Cela implique des surcoûts pour l’acheteur final et des délais de livraisons plus longs. Avec les moyens technologiques, il est possible de contourner ces entraves, gagner du temps et optimiser la chaîne de valeur.

F.N.H. : Quelle place peut jouer le capital-risque pour le développement des entreprises africaines ?

F. B. : L’Afrique regroupe 17% de la population mondiale, mais ne représente qu’1% du capital risque. Elle a certes besoin de plus de capital étranger, mais aussi de capital local. Les investissements directs à l’étranger (IDE) représentent 6% du PIB africain, alors que les investissements des institutionnels africains, banques, assurances opérant à l’extérieur du continent affichent 26% du PIB. Avec quelques ajustements en termes de régulation, de fiscalité et d’amélioration du climat des affaires, on pourrait développer une chaîne de valeur locale de financement du capital investissement. Par la même occasion, il est possible de financer des champions technologiques ou économiques qui vont créer les 30 millions d’emplois qualifiés dont on a besoin. 

 

 

 

 

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