Les projections tablaient sur un taux de 21%. Le commerce, l’immobilier et le BTP représentent les deux tiers des faillites.
Par C. Jaidani
Les défaillances d’entreprises se poursuivent. Elles sont sur un trend haussier au terme de l’année 2023, atteignant 14.245 contre 12.397 une année auparavant, soit une croissance de près de 15%. C’est la même tendance observée depuis 2010. Des prévisions comme celle d’Inforisk tablaient sur un taux pouvant atteindre 21%. Certes, la conjoncture économique explique en partie le phénomène, mais d’autres facteurs pénalisants l’accentuent, comme les délais de paiement, l’inflation ou encore la sécheresse.
Plus fragiles, les TPME sont les plus touchées du tissu économique national, et 40% de ces défaillances sont dues au rallongement des délais de paiement qui tournent actuellement autour de 240 jours, soit l’équivalent de 8 mois. Cela engendre des difficultés de trésorerie pour les entreprises. La vulnérabilité des TPME est également accentuée par le manque d’expérience des dirigeants, leur faible maîtrise du marché, l’inutilisation des moyens modernes de gestion et les difficultés pour l’accès au crédit. Au niveau des secteurs impactés, il n’y a pas eu de changements de la typologie observée ces dernières années : le commerce, l’immobilier et le BTP demeurent les activités les plus touchées. Elles représentent, à elles seules, 63% des défaillances d’entreprises, avec 33% pour le commerce et 15% chacun pour les deux autres.
A cause du développement des grandes surfaces, les petits commerces, surtout les marchands de proximité, trouvent beaucoup de difficultés à rentabiliser leurs activités. Il faut noter aussi que le secteur est intimement lié à d’autres activités, particulièrement l’agriculture qui, depuis 6 ans, est en régression à cause de la sécheresse. La baisse du pouvoir d’achat, l’inflation, la hausse du chômage et la mauvaise conjoncture ont réduit la demande de consommation. S’agissant de l’immobilier, les défaillances des entreprises dans ce secteur s’expliquent surtout par le marasme qui touche l’activité depuis des années.
Le manque de visibilité, le retournement de tendance du marché, la hausse des coûts de production avec le renchérissement des matières premières, la réticence des banques à financer les projets ont poussé de nombreuses entreprises à mettre la clef sous le paillasson. Ces mêmes facteurs ont pénalisé le BTP, qui a été touché également par la baisse de la commande publique. Toutefois, les opérateurs du secteur espèrent une relance avec les grands chantiers lancés, que ce soit pour la reconstruction suite au séisme d’Al Haouz ou pour l’accueil de la Coupe d’Afrique des nations en 2025 et la Coupe du monde en 2030. Il est prévu des méga chantiers routiers, autoroutiers, barrages ou ferroviaires. On note également une hausse des faillites au niveau du secteur du transport et de la logistique qui a été particulièrement touché par la hausse des carburants.
D’autres secteurs présentent cependant un comportement favorable ayant permis de ralentir la croissance de la défaillance des entreprises. C’est le cas du tourisme qui a enregistré des performances remarquables. Le nombre de visiteurs a atteint 14,4 millions, soit un bond de 34% comparativement à 2022 et 12% par rapport à 2019. Les recettes culminent à 105 milliards de DH, soit une croissance de 12%. Mais force est de constater que cette activité était en partie responsable de l’explosion des faillites d’entreprises en 2021 suite à la crise pandémique.