Croissance économique : une reprise au petit trot

Croissance économique : une reprise au petit trot

 

Bank Al-Maghrib a très légèrement revu à la hausse la croissance pour 2019. 

 

Par Y.S

 

Il y a quelques mois de cela, les opérateurs économiques déchantaient. Une série de mauvaises nouvelles en début d’année avait altéré leur moral.

En ce deuxième quart de l’année, la situation semble s'être un peu améliorée, du moins pour certains secteurs «à risque». Plusieurs signaux annoncent un redressement de la conjoncture économique à court terme. On en parlait au début du mois.

En plus d’autres statistiques toutes récentes, celles du HCP dénotent d’un certain regain d’optimisme chez les industriels et les acteurs de la construction.

Pendant ce temps, la croissance a été revue très légèrement à la hausse par la Banque centrale, qui a tenu son deuxième Conseil monétaire de l’année 2019.

Elle a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 2,25%, tout en ajustant sa prévision de croissance pour l’année 2019. Elle table désormais sur une croissance de 2,8% en 2019 (et 4% en 2020), alors qu’elle prévoyait 2,7% en mars dernier. Un léger mieux de 10 petit pbs qui ne fera pas une grosse différence. Mais on ne pouvait espérer mieux !

Dans la foulée, la croissance du PIB devrait remonter à 4% en 2020, puisque «nous partons d’un effet de base qui était de 61 millions de quintaux (MQx) pour la campagne actuelle, à 80 MQx qui est la tendance moyenne habituelle projetée», explique Abdellatif Jouahri, Wali de BAM.

 

Reprise du non-agricole

Si l’agricole fait défaut, même au niveau du marché du travail où il accuse une perte de 152.000 emplois, les activités non-agricoles, elles, poursuivent leur tendance à l’amélioration.

Après un 2,6% enregistré en 2018, leur croissance pointera à 3,6% cette année, avant de titiller les 4% en 2020 (3,9%). «Nous commençons dès lors à atteindre le niveau des 4% sur les secteurs non-agricoles», commente Jouahri.

«Les résultats du dialogue social, qui est un pouvoir d’achat non négligeable mis sur le marché, et la reprise de la demande extérieure font que nous tablons sur une croissance de 3,6% de la valeur ajoutée non-agricole. Nous ne sommes ni trop optimistes ni trop pessimistes sur ce point», argumente le wali.

 

Ralentissement de la consolidation budgétaire

Au niveau des finances publiques, l’encaissement de la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et le renforcement des recettes ordinaires (+6,2%) ont permis, au titre des cinq premiers mois de 2019, un allégement du déficit à 18,5 milliards de DH. Mais le processus de consolidation ne se poursuivra pas à ce rythme jusqu’à la fin d’année.

En effet, «le déficit budgétaire, hors privatisation, se creuserait davantage à 4,1% du PIB en 2019, avant de se situer à 3,8% en 2020, prévision ajustée à la hausse par rapport à mars, en lien notamment avec l’impact de l’accord conclu dans le cadre du dialogue social, compte non tenu des revalorisations salariales des personnels militaires et des amendements apportés au statut de base des personnels de la Direction générale de la sûreté nationale», détaille BAM.

Rappelons que le coût global de l’accord issu du dialogue social s’élève à 14,5 milliards de dirhams, dont 1,2 milliard consacré à l’augmentation des salaires et des allocations familiales des fonctionnaires des collectivités locales.

En 2020, l’impact de l’accord du dialogue social serait encore plus prononcé selon BAM, induisant une révision à la hausse de la masse salariale et des dépenses des autres biens et services. Du côté des recettes, celles fiscales devraient évoluer à un rythme supérieur à celui du PIB nominal et tiennent compte du reliquat des dons provenant des pays du CCG de 1,8 milliard de DH.

 

La réserve obligatoire pour piloter une autre politique

Les observateurs, du milieu bancaire surtout, ne s’attendaient pas à ce que la Banque centrale agisse sur son taux directeur. Toutefois, ils espéraient que cette dernière supprime, ou du moins, abaisse la réserve obligatoire pour soutenir leur liquidité.

Le wali de Bank Al-Maghrib en a décidé autrement en annonçant que la Banque centrale a préféré ne pas toucher à la réserve obligatoire des banques pour l'utiliser comme «carotte» afin de récompenser celles qui adhèrent à la stratégie nationale de l'inclusion financière. «C’est une touche du piano sur laquelle on peut jouer. Mais elle n’aura pas beaucoup d’impacts sur les banques, puisque nous les servons largement sur le plan monétaire. Nous avons préféré garder cette touche pour soutenir une politique non moins importante qu’est la stratégie nationale de l’inclusion financière. Les banques qui feront des efforts dans le cadre de cette stratégie, nous leur servirons cette carotte», confie le gouverneur.

La dernière fois où BAM avait actionné ce levier remonte à 2016, en la faisant passer de 2% à 4%. ◆

 

 

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