◆ Les secteurs ayant le plus communiqué durant cette crise sont les télécoms, les produits d’hygiène ainsi que les banques.
◆ Le secteur de l'agro-industrie, qui aurait dû être en 1ère ligne, selon les professionnels, a relativement peu communiqué.
◆ Les consommateurs n'appréhendent plus l'acte d'achat de la même façon.
◆ Entretien avec Monique Elgrichi, Directeur général de Mosaik.
Propos recueillis par B. Chaou
Finances News Hebdo : Pensez-vous que les campagnes marketing prévues avant cette crise devraient être revues afin de s'adapter et d’être mieux en phase avec la situation actuelle ?
Monique Elgrichi : Il est évident que beaucoup de campagnes devront être réadaptées suite à la crise de la Covid-19, mis à part peut-être les produits de grande consommation dans le domaine agroalimentaire, et encore ... Nous ne nous appuierons plus sur les mêmes insights pour vendre des automobiles, des produits immobiliers, bancaires ou autres, car les consommateurs n'appréhendent plus l'acte d'achat de la même façon; du moins pour le moment.
F.N.H. : Quel sera le rôle des agences de communication dans une optique de réorientation de la communication et du marketing de la part des annonceurs ?
M. E. : Nos clients ont besoin de savoir quelles sont les attentes de leurs consommateurs, et nous sommes là pour les aider à mieux comprendre, à orienter leurs stratégies de communication, à adopter le ton juste, et leur recommander des actions de communication adaptées au contexte. Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui les marques et les produits doivent être «utiles». Les consommateurs ne veulent plus de discours creux, et c'est ce qui ressort de nombreuses études menées pendant cette Covid-19.
F.N.H. : Quelles sont les difficultés rencontrées par les agences de communication et marketing suite à cette crise ?
M. E. : Nous avons beaucoup travaillé pendant ces trois mois de confinement, mais nos revenus ont chuté de façon spectaculaire ... Il a fallu s'adapter aux contraintes liées au télétravail, à l'arrêt de nombreux secteurs d'activités, tout en restant proactif, à l'écoute et imaginer et concevoir la reprise de la communication postCovid-19 pour chacun de nos clients.
F.N.H. : Pensez-vous que les entreprises et annonceurs réactiveront sur le moyen terme les campagnes marketing initialement prévues avant cette crise ?
M. E. : L'ensemble des grands annonceurs sont conscients qu'ils doivent continuer à communiquer, malgré cette crise. L'expérience a prouvé qu'en temps de crise, les annonceurs qui coupent l'écoute avec leur public cible, l'interne, les clients, l'écosystème ont beaucoup plus de mal à se faire entendre à nouveau et perdent des parts de marché.
F.N.H. : Selon votre expérience lors de cette crise sanitaire, quel a été l'enjeu majeur de l'adoption de modes de communication plus axés sur le digital, qui jusqu'ici étaient peu utilisés ?
M. E. : Le digital est un canal qui est extrêmement bien utilisé en communication, depuis déjà quelques années dans notre pays. Il a pris toute son ampleur pendant cette crise; c'est un canal indispensable et complémentaire aux autres médias et aux actions terrain.
F.N.H. : Quels sont les secteurs qui se montrent les plus communicants en ces temps de crise ?
M. E. : Pendant la crise de la Covid-19, les secteurs ayant le plus communiqué sont les télécoms, les produits d’hygiène, les banques. Très bizarrement, le secteur de l'agro-industrie, qui aurait dû être en 1ère ligne, a relativement peu communiqué. Maintenant, les choses reviennent doucement à la normale, et nous espérons voir l'ensemble des activités reprendre le plus rapidement possible. Ainsi, la communication va jouer un rôle fondamental pour accompagner la reprise économique dont nous avons tant besoin. Pour que les Marocains consomment, il faut créer un contexte positif, leur redonner confiance, leur donner envie de consommer et la publicité et la communication seront un outil indispensable à la relance. ◆