Le Conseil de la concurrence et le haut-commissariat au Plan (HCP) ont signé, mardi 11 novembre à Rabat, une convention de partenariat pour renforcer le partage de données, améliorer l’analyse des marchés et soutenir une décision publique fondée sur l’évidence.
Par R. Mouhsine
L'information est devenue l’un des premiers moteurs de compétitivité. C’est sur cette idée que repose le partenariat stratégique scellé à Rabat entre le Conseil de la concurrence et le haut-commissariat au Plan (HCP). Objectif : croiser la statistique publique et l’expertise en régulation afin d’améliorer la compréhension des dynamiques de marché, stimuler la concurrence et éclairer les politiques publiques.
«Il n’y a pas d’efficience économique sans concurrence, et il n’y a pas de concurrence sans données et sans transparence», a insisté le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou, lors de la cérémonie de signature. L’accord prévoit un échange sécurisé d’informations, notamment sur les prix à la consommation et à la production. Ces données permettront au Conseil de mieux suivre les évolutions sectorielles, d’identifier des signaux d’alerte - notamment sur des variations anormales de prix - et de croiser les tendances avec celles observées par le HCP.
Pour Rahhou, la logique est claire : «l’objet même de cette convention, c’est le partage: partage d’informations, partage des études, partage des préoccupations de développement». De son côté, le HCP se félicite d’une collaboration qui vient renforcer un chantier important : la réforme de l’année de base des comptes nationaux, appelée à mieux refléter la structure réelle de l’économie. «Cette réforme suppose un zoom sur les mécanismes économiques pour revoir l’ensemble des paramètres et des mécanismes de formation de la valeur», a expliqué le haut-commissaire au Plan, Chakib Benmoussa.
Celui-ci a également rappelé l’importance des enquêtes actuellement lancées, notamment sur les niveaux de vie des ménages et sur l’indice des prix à la consommation. «Il est essentiel de revoir le panier de consommation, sa pondération et ses déclinaisons selon les catégories sociales», a-til précisé. Grâce à ce partenariat, le Conseil bénéficiera d’une base plus solide pour analyser les comportements de marché, évaluer la concurrence et anticiper les évolutions sectorielles.
Former, diffuser, sensibiliser
L’accord prévoit également des études conjointes, des formations croisées, ainsi que l’organisation de séminaires et d’événements scientifiques. Benmoussa a mis l’accent sur l’importance de la formation, en évoquant les liens du HCP avec les grandes écoles.
«L’économétrie, la modélisation et l’analyse des données doivent soutenir la compréhension des marchés et accompagner la montée en compétence des cadres», a-t-il expliqué. De son côté, le Conseil de la concurrence s’engage à valoriser les informations collectées dans le cadre de ses dossiers. «Nous avons décidé de restituer au marché des données sous forme de monographies sectorielles pour mieux éclairer les opérateurs et faciliter la vie des investisseurs», a affirmé Ahmed Rahhou.
La finalité, souligne Rahhou, est d’agir «dans l’intérêt de l’économie et des consommateurs», en favorisant un marché plus lisible. «Un marché attractif est un marché transparent, où les investisseurs n’ont pas besoin de se poser de questions pour s’engager», a-t-il déclaré. L’usage de l’intelligence artificielle figure aussi au cœur des ambitions communes. La structuration et la mise à disposition de données de qualité pourront, selon Rahhou, «constituer un véritable accélérateur sectoriel» et soutenir les initiatives en matière d’innovation.
Vers une nouvelle culture de la donnée
Pour les deux institutions, ce partenariat est aussi une réponse à un impératif de cohérence et d’efficacité dans la production d’information économique. «Là où il y a de l’expertise dans le pays, elle doit profiter à toutes les institutions pour éviter de reconstruire ce qui existe déjà et pour gagner en efficacité», a souligné Rahhou.
Cette alliance doit ainsi marquer une avancée structurelle dans la mise en commun des moyens analytiques et statistiques du Royaume afin de soutenir une prise de décision publique mieux éclairée. «Nous comptons beaucoup sur cette coopération», a résumé le président du Conseil. «Elle permettra un meilleur rendu de l’information, une meilleure interaction entre les institutions, et des approches complémentaires au service du développement économique», conclut-il.