- Miriem Bensalah-Chaqroun laissera dernière elle un patronat dynamique et porté vers l’international.
- Le successeur de la patronne des patrons aura néanmoins fort à faire pour parachever bon nombre de chantiers.
A l’issue des élections qui se tiendront ce 22 mai, l’on saura qui de Hakim Marrakchi ou de Salaheddine Mezouar succédera à la charismatique patronne de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), qui n’est autre que Miriem Bensalah-Chaqroun.
Gommer d’un trait ou encore faire oublier le passage de la seule femme à la tête du patronat marocain est loin d’être un exercice aisé. Pour cause, celle qui dirige la CGEM depuis 2012 a à son actif un bilan solide. Ce dernier est conforté, entre autres, par la contribution du patronat à la mise en place de la simplification des procédures administratives (Identifiant commun de l'entreprise) ainsi que la réforme de la loi sur les délais de paiement qui intègre la commande publique.
Toujours au registre de l’actif des deux mandats de la femme d’affaires, notons la contribution à l’instauration de l’IS progressif et celle de l'indemnité pour perte d'emploi, ainsi que l’amélioration des contrats spéciaux de formation. L'exonération des charges sociales pour la création de nouveaux emplois et la poursuite de la réforme de la TVA constituent également des succès non moins importants à même de susciter un satisfecit de la part de l’équipe sortante de la CGEM.
Certes, l’énumération des réalisations de la patronne des patrons au cours des deux mandats à la tête de la CGEM est loin d’être exhaustive. Au demeurant, tout l’enjeu est d’appréhender le type d’héritage que Bensalah lègue à son successeur. L’autre source de préoccupation constitue les dossiers chauds auxquels Mezouar ou Marrakchi devraient s’attaquer immédiatement.
Legs d’un patronat dynamique ?
Interrogé par nos soins, Mohamed Benboubker, vice-président de la Commission Afrique et Sud-Sud de la CGEM, qui ne cache guère son intérêt pour la candidature de Marrakchi, affirme que «Miriem Bensalah-Chaqroun laissera dernière elle un patronat dynamique et surtout porté vers l’international». Et d’ajouter : «La diplomatie économique a été au cœur de l’action de la CGEM au cours de ces dernières années».
Ceci dit, le vice-président de la commission présidée par Abdou Diop ne manque pas de mentionner les défis que devra relever le futur numéro 1 de la CGEM, en l’occurrence l’amélioration de la communication du patronat, la défense des acquis des PME, ainsi que l’ouverture et le renforcement de la concurrence sur le marché national.
Améliorer l’image de la CGEM
Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME, porte un regard plus critique sur le bilan des deux mandats de Bensalah, qui selon lui, n’ont pas contribué à améliorer l’image de la CGEM auprès des dirigeants des TPE et PME. «Les patrons de cette famille d’entreprises ne se sentent pas suffisamment représentés au sein du patronat», déplore-t-il. Et d’ajouter :
«Le candidat qui sortira victorieux des élections du 22 mai devra montrer plus d’intérêt pour cette catégorie d’entreprises. Ce qui pourrait façonner l’image de la Confédération patronale auprès des dirigeants de petites sociétés».
Dans le même ordre d’idées, le successeur de la femme d’affaires la plus célèbre du Maroc et très influente au sein des sphères d’affaires internationales, aura fort à faire sur le chantier de l’intégration de plus d’organisations ou de confédérations professionnelles au sein du patronat. «L’un des défis majeurs sera de fédérer davantage d’entités», confie El Fergui.
Les chantiers à parachever
La prégnance de l’informel, l’allongement des délais de paiement, l’accès difficile des PME et TPE à la commande publique et au financement, constituent autant de problématiques sur lesquelles s’est penchée l’équipe sortante de la CGEM qui n’a pas pour autant réussi à inverser la tendance ou apporter des solutions efficaces. Ces problématiques restent toujours d’actualité d’autant plus que 8.000 entreprises ont mis la clef sous la porte en 2017. Ce chiffre place le Maroc au même niveau que des économies beaucoup plus importantes pour ne citer que la Chine. Pour rappel, 40% des défaillances de sociétés résultent des délais de paiement, qui dépassent les neuf mois pour les TPE. En définitive, sur le front de la construction d’un tissu de PME-TPE résilient, la future équipe patronale qui sera dirigée par Marrakchi ou Mezouar aura bien du pain sur la planche. ■
M. Diao