◆ Les bénéfices des principales sociétés cotées devraient baisser de 12% en 2020.
◆ Les cours actuels ont déjà intégré la baisse escomptée de la masse bénéficiaire.
◆ Le potentiel de hausse lié aux résultats 2021 est estimé entre 10% et 15%.
Par Y. Seddik
Nul doute que l’activité des sociétés cotées en 2020 va être fortement compromise par la crise sanitaire. Déjà, les réalisations du premier trimestre et les quelques profits warning semestriels lancés jusqu'à présent, donnent un aperçu sur la gravité des impacts du confinement.
«La masse bénéficiaire des valeurs composant notre indice de référence CFG 25 devrait, selon nos prévisions, enregistrer une baisse de 12% en 2020 par rapport à 2019», a indiqué la cellule de recherche de CFG Bank dans une note consacrée aux perspectives de la masse bénéficiaire de la cote en 2020. Il est à noter que l’indice CFG 25 représentent environ 90% de la capitalisation boursière de l’ensemble de la Bourse de Casablanca. L’évolution de la masse bénéficiaire de cet indice est donc quasi identique à celle du marché dans son ensemble.
«Au-delà de l’impact de la crise économique causée par l’isolement sanitaire, la masse bénéficiaire sera négativement impactée par les contributions faites par les sociétés cotées au fonds spécial dédié à la gestion de la Covid19, dont l’impact est estimé à 4,8 Mds de DH (3,2 Mds de DH après impôts) pour l’univers des valeurs du CFG 25», développent les analystes de CFG Bank. Retraitée des éléments exceptionnels enregistrés en 2019 et des contributions au fonds dédié à la gestion de la Covid-19 en 2020, la masse bénéficiaire ajustée devrait également s’établir en baisse de 12% en 2020 par rapport à 2019.
Cette année-là, la capacité bénéficiaire du marché avait été négativement impactée par la sanction de 3,3 Mds de DH à l’encontre de Maroc Telecom et une provision pour dépréciation de Managem de 350 MDH, en lien avec la revalorisation de certains actifs suite à la persistance d’un contexte défavorable des prix à l’international. Pour la recherche de CFG Bank, cette baisse des bénéfices récurrents est bel et bien intégrée dans les cours.
«Actuellement, CFG 25 traite à 21.000 points, en baisse de 12% par rapport à la moyenne de 23.800 points enregistrée sur l’année 2019. Ainsi, selon nos prévisions, les niveaux de valorisations actuels du marché reflètent fidèlement la baisse escomptée de la masse bénéficiaire en 2020. In fine, nous pensons que les niveaux de valorisation du marché sont justifiés d’un point de vue fondamental», considèrent-ils.
Dynamique des flux : l'arbitrage plus que jamais favorable aux actions
Toujours selon les estimations des analystes, cette dégradation de la masse bénéficiaire en 2020 devrait être suivie par une forte reprise les années qui suivent après la fin du confinement. «La masse bénéficiaire devrait progressivement renouer avec le chemin de la normalisation sur les deux prochaines années (2021 et 2022) et revenir vers un niveau proche de celui observé en 2019», peut-on lire dans la note.
Ainsi, un retour à une masse bénéficiaire normative égale à celle enregistrée en 2019 (retraitée de la sanction de l’ANRT sur Maroc Telecom et de la provision pour dépréciation de Managem) induit une progression de 14% par rapport à la prévision de la masse bénéficiaire 2020 ajustée. «Selon nos estimations, ce rebond mécanique devrait se matérialiser à mi-chemin entre 2021 et 2022», indique la note. La baisse durable des taux serait par ailleurs toujours favorable au compartiment actions.
L’accentuation du trend baissier emprunté par la courbe des taux dans le sillage de la politique monétaire expansionniste adoptée par la Banque centrale face à la crise de la Covid-19 devrait contribuer à soutenir les niveaux de valorisation du marché à des seuils importants, selon les auteurs de la note.
«Tenant compte d’un contexte baissier des taux, le marché actions devrait renouer avec son PER d’équilibre compris entre 19x et 20x les bénéfices (Vs un PER 2020E de 19,6x les bénéfices ajustés et de 22,6x les bénéfices bruts). Cette configuration induirait un potentiel de hausse compris entre 10% et 15% sur un horizon de 1 à 2 ans», concluent-ils.