Badr Kanouni, président du Directoire du groupe Al Omrane
-Après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 5 Mds de DH en 2017, Al Omrane revoit à la hausse ses objectifs pour 2018.
- Le bras immobilier de l’Etat est en quête d’équilibre entre les impératifs de marché et sa vocation sociale.
En dépit des avancées significatives relevées ces dernières années, le pays continue de faire face à un défi de taille, celui de réduire substantiellement le déficit en logements estimé à 400.000 unités. Pour rappel, l’objectif de l’Exécutif est de diminuer de moitié le déficit susmentionné à l’horizon 2021.
Ce challenge a rendu autrement plus cruciale la rencontre organisée par le Groupe Al Omrane au profit de la presse nationale, et ce dans le sillage de son Conseil de surveillance qui s’est tenu récemment sous la présidence du Chef de gouvernement, Sâad Eddine El Othmani.
Cet événement a permis à Badr Kanouni, président du Directoire du groupe Al Omrane, de présenter les réalisations de la cheville ouvrière de l’Etat en matière immobilière et d’aménagement, tout en répondant aux multiples interrogations de l’auditoire.
Le bilan, source de satisfecit
Entouré de son état-major, le patron de Al Omrane a égrené les indicateurs phares de 2017, en termes de réalisations, tout en dressant le bilan sur un horizon temporel de 10 années. En effet, au cours de l’année dernière, avec la mobilisation d’un investissement de 5,2 Mds de DH, le bras immobilier de l’Etat a mis en chantier 18.896 unités (en hausse de 5% par rapport à 2016).
L’on observe également la même tendance haussière au niveau de la production d’unités chiffrée à 22.658, ce qui marque une progression de 13% par rapport à 2016.
Interpellé sur le rythme de progression de la production et des mises en chantier, le patron du groupe s’est montré assez clair et ferme. «Il ne suffit pas de produire pour produire, mais pour répondre à la demande et aux besoins de nos clients et à ceux de l’Etat», rétorque-t-il, tout en ne manquant pas de souligner la raison d’être du groupe : celle de procurer un logement décent à une catégorie de la population spécifique disposant de moyens limités.
D’ailleurs, rappelons qu’au cours des dix dernières années, grâce à un effort d’investissement de 72,5 Mds de DH, qui a permis la réalisation de 465.000 unités, le groupe Al Omrane se targue d’avoir contribué à l’amélioration des conditions de vie de 5 millions de Marocains, grâce à la restructuration des quartiers.
Sur la même période, l’engagement du bras immobilier de l’Etat dans le programme de lutte contre l’habitat insalubre a permis de sortir 1,5 million de citoyens de leurs bidonvilles au profit d’habitats salubres.
Pour l’année 2018, les visées de l’entité publique sont encore plus importantes. Celle-ci table sur un investissement de 5,7 Mds de DH, avec à la clef 22.000 mises en chantier et 24.000 unités achevées.
Un taux d’endettement de 58%
Au registre des indicateurs financiers, le top management du groupe s’est montré rassurant. «Avec un taux d’endettement réduit à 58%, nous avons encore une marge de manœuvre», précise-t-on.
Interpellé sur la concurrence du secteur privé, Badr Kanouni, qui revendique près de 27% de parts de marché du segment du logement social, s’est employé à lever les ambiguïtés. «Le privé n’est pas notre concurrent, nous opérons dans des segments très difficiles dans lesquels le groupe ne gagne parfois rien, à l’instar de la lutte contre l’habitat insalubre», confie-t-il.
A noter que le groupe a réalisé près de 87% des habitats destinés à la lutte contre le fléau précité.
Du côté de l’entité publique, l’on considère le privé comme un partenaire, notamment pour certains programmes, à l’instar de celui du recasement qui promeut la mixité sociale.
Interrogé sur le timing de la construction de nouvelles agglomérations, Badr Kanouni a rappelé que l’Etat a prévu de construire 15 villes nouvelles au Maroc. En conséquence, Al Omrane exécute le programme en la matière à la demande de celui-ci. En d’autres termes, la création de nouvelles villes est du ressort de l’Exécutif.
Un nouveau contrat-programme en gestation
Notons aussi que les réformes managériales et de modernisation constituent des axes prioritaires du projet Cap 2020 de l’entité publique, qui devrait conclure un contrat-programme avec l’Etat d’ici la fin de l’année.
A ce sujet Badr Kanouni a apporté une précision de taille: «le groupe n’a pas besoin de la subvention de l’Etat à qui il a versé directement près de 1,5 Md de DH au cours des dix dernières années. A cela, il faudrait ajouter le règlement des différents impôts».
Soulignons enfin que dans le cadre de la lutte contre l’habitat insalubre, si la contribution de l’Etat tourne autour de 7 milliards de DH, celle du groupe Al Omrane frôle les 8,1 milliards de DH.
Recours au financement vert(ueux)
Le groupe Al Omrane revendique le statut de premier opérateur green et social au Maroc à travers le lancement d’un emprunt obligataire d’1 milliard de DH sur le marché intérieur. Le taux prévu est de 4,25% et la maturité sera de 10 ans. Cette obligation verte, de nature à conforter le parti pris de la durabilité et de la responsabilité sociale du groupe, financera des projets à impact économique, social et environnemental.
Par M. Diao