C’est l’un des principaux griefs soulevés par le privé : il faut accélérer la cadence dans la digitalisation au Maroc.
Par A. Diouf
Le Maroc accuse du retard dans la mise en œuvre de sa politique de digitalisation. Le constat a été fait, à l’unanimité, par les participants aux «Débats de la Vie Eco», organisés mardi 26 septembre à Casablanca, sous le thème «Administration numérique : des avancées et des enjeux». Ce qui est principalement mis en cause, c’est le grand retard sur la publication des décrets d’application de la loi 55-19 relative à la simplification des procédures et formalités administratives.
En effet, même si deux décrets ont été publiés en mai dernier, tout le monde est d’accord qu’il faut accélérer la cadence. Et surtout, il faut parvenir à allier rythme et qualité, recommande Hassan Belhayat, qui représentait le privé à la rencontre. Selon le président de la Commission écosystème tech de la CGEM, «la digitalisation doit être au service de la simplification et non de l’alourdissement des procédures.
Par exemple, en matière d’investissement, la loi 55-19 doit encore être améliorée pour simplifier le parcours de l’investisseur. En effet, ce dernier est encore obligé de fournir 45% des documents demandés dans le cycle de l’investisseur». Pour Ghita Mezzour aussi, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, il faut accélérer la cadence. «Mais, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas des réalisations et que nous ne sommes pas actuellement engagés sur des chantiers», explique la ministre.
L’interopérabilité, un boulet Depuis 2020, date d’entrée en vigueur de la loi 55-19, plus de 300 services publics ont été digitalisés, dont 200 pour les entreprises, avance-t-elle. Et la ministre de citer des plateformes comme Massar pour l’Education nationale, le portail de la CNSS, le RSU-RNP, Chikaya, le portail des plaintes, les crèches privées..., et l’important travail collégial qui est actuellement en cours pour faire avancer l’e-gov.
Les représentants de la Conservation foncière et de la DGI ont également apporté leurs témoignages. C’est ainsi qu’on a appris qu’au niveau de la Conservation foncière, par exemple, près de 7,5 millions de titres fonciers sont à ce jour digitalisés; 1,8 million de certificats de propriété sont délivrés chaque année par voie digitale, et 70% du chiffre d’affaires de l’agence, qui est de 8 milliards de DH, sont réalisés grâce au digital. Pour ce qui est du retard de l’administration numérique, un levier important de la réforme de l’Administration, Ghita Mezzour l’impute principalement à la difficulté de démarrer la plateforme d’interopérabilité entre les administrations. En effet, dans ces projets qui prennent beaucoup de temps, certaines administrations sont très avancées, d’autres moyennement et la majorité faiblement. Et ces différents niveaux d’avancement posent de sérieux problèmes pour le lancement de certains services.