Viandes rouges: la sécheresse a mis à nu les faiblesses de la filière

Viandes rouges: la sécheresse a mis à nu les faiblesses de la filière

De nombreux éleveurs ont réduit leur bétail pour faire face aux charges.

Les importations restent limitées pour combler le manque à gagner.

 

Par C. Jaidani

L a sécheresse a impacté sérieusement le secteur agricole national. La plupart des filières ont vu leur production diminuer, perturbant l’offre et, in fine, entraînant une flambée des prix. Outre les fruits et légumes, cette hausse a touché également les viandes rouges. Depuis plus d’une année, les prix sont passés de 60-75 DH/kg à 85-100 DH/kg, avec toutefois des différences entre les régions, le monde rural et les villes. Mais, globalement, ce renchérissement a atteint des niveaux record.

Interrogés à ce sujet, des professionnels de la filière ainsi que des éleveurs expliquent que «le coût d’exploitation a nettement augmenté, particulièrement pour l’aliment de bétail dont les produits sont essentiellement importés. La faiblesse de la pluviométrie aidant, les parcours naturels se sont appauvris, compromettant les modes de production pastorales. Dans l’incapacité de supporter des charges de plus en plus élevées face à des recettes quasi stables, des fermiers ont réduit leur cheptel ou ont délaissé carrément l’activité pour d’autres plus rentables».

D’autres facteurs ont également pesé sur l’évolution des prix. «Au cours du mois de Ramadan, la consommation augmente. Il faut noter aussi que les éleveurs ne présentent pas assez d’ovins aux abattoirs, préférant les garder pour Aïd Al-Adha. Cela entraîne automatiquement une baisse de l’offre de viandes rouges et une hausse des prix. Ce déséquilibre du marché ne peut être ajusté que par les importations», indique Abdelali Ramou, président de l’Association nationale des vendeurs de viandes rouges au Maroc.

Conscient de cette situation, le gouvernement a adopté plusieurs moyens règlementaires pour faciliter l’approvisionnement du marché national en viandes rouges importées. Il s’agit de l’exonération de la TVA et la suppression du poids minimum, entrés en vigueur à partir du 30 janvier dernier. Cette disposition permettra d’importer des bêtes de divers poids car, auparavant, le poids minimum était fixé à 550 kg.

A cet effet, un cahier des charges est fixé pour les opérateurs intéressés par ce genre d’opérations. «Ils sont rares les professionnels qui peuvent recourir à l’importation, car il faut maîtriser toute la chaîne de valeur et avoir une assise financière solide pour payer les charges de transport, de logistique et d’entretien des bêtes dans l’attente de leur abattage», souligne Ramou. En dépit des mesures déployées pour faciliter les importations de bovins, le nombre ramené de l’étranger frôle à peine les 4.000 bêtes, provenant essentiellement du Brésil. Le choix de ce pays s’explique par différents facteurs.

C’est un grand producteur de bovins dédiés à l’abattage et il peut répondre facilement aux différentes commandes à des prix compétitifs. Les autres pays comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande ou certains pays européens comme l’Espagne, la France, affichent des prix nettement plus élevés. Toutefois, les importations à partir de ce pays d’Amérique du sud ont suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux, certains avançant que les bovins seraient atteints du virus de la vache folle, donc impropres à la consommation. Pour l’exécutif, ces infos sont dénuées de tout fondement. Tous les bovins importés sont soumis au contrôle en laboratoire et leur sécurité est confirmée, y compris les bovins récemment importés du Brésil.

«Le gouvernement ne joue pas avec la sécurité alimentaire des citoyens marocains.   Ce problème n’est pas toléré, et tous les produits qui sont importés dans notre pays sont conformes à la qualité et soumis à de multiples niveaux de contrôle et d’essai», affirme Mostafa Baitas, Porte-parole du gouvernement. Par ailleurs, et s’agissant de la race importée, certaines voix se sont élevées pour l’assimiler à des buffles. Mais des sources de l’ONSSA ont confirmé qu’il s’agit d’un dérivé du Zebu, une race bovine qui se développe essentiellement dans les zones tropicales. Sa viande répondrait aux meilleures normes sanitaires.

 

 

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