Sécheresse: à la quête de variétés de plantes résistantes

Sécheresse: à la quête de variétés de plantes résistantes

Le Maroc peut s’inspirer de l’expérience d’Israël dans ce domaine.

L’INRA s’est impliqué dans des programmes d’amélioration génétique de semences plus résilientes.

 

Par C. Jaidani

Le Maroc est un pays semi-aride qui est confronté structurellement au phénomène de la sécheresse. En moyenne, toutes les deux années sur trois, le pays enregistre des précipitations insuffisantes pour assurer une bonne récolte. Le Royaume s’est inscrit depuis des années dans un vaste programme pour développer l’irrigation afin de pallier le manque d’eau. Mais cette option a montré ses limites.

Les réserves en eau des barrages et de la nappe phréatique sont mises à rude épreuve et n’ont cessé de s’amenuiser au fil des ans. Il fallait donc trouver d’autres alternatives plus innovantes afin de préserver les ressources hydriques. D’où l’idée de développer des variétés résistantes à la sécheresse.

«Le Maroc peut profiter de l’expérience israélienne à plusieurs niveaux, notamment dans ses secteurs stratégiques comme l’agriculture. L’Etat hébreu consacre plus de 4,5% de son PIB à la recherche et développement. Par exemple, pour cohabiter avec le climat semi-désertique du pays, il a développé des variétés de plantes résistantes à la sécheresse, aux maladies et aux parasites, notamment pour les cultures de type méditerranéen (oliviers, agrumes, figuiers, primeurs, céréales…)», souligne Mohamed Amrani, économiste. En effet, Israël est l’un des pays qui a pu gérer au mieux le stress hydrique en utilisant des techniques innovantes en matière d’irrigation, assurant économie d’eau et efficacité.

Dans le désert du Neguev au sud, connu par son aridité quasi constante durant toute l’année, plusieurs exploitations ont vu le jour. Il s’agit d’un laboratoire à grande échelle, qui a connu la mise en œuvre de nombreux programmes agricoles de développement dans différentes filières. La filière la plus impactée par la sécheresse au Maroc est la céréaliculture. Car elle est concentrée essentiellement dans des zones dites bour. Elle est présente dans toutes les régions agricoles du Royaume et occupe plus de 5 millions d’hectares.

80% des exploitants pratiquent cette activité. Il est donc primordial que tous les efforts de recherche et développement pour trouver de nouvelles variétés plus résistantes aux maladies et à la sécheresse donnent la priorité à cette filière. Il faut rappeler que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) s’est impliqué dans des programmes d’amélioration génétique de semences pour la production de nouvelles variétés de cultures plus résilientes à la sécheresse. Ce processus est réalisé en évaluant la diversité biologique des espèces végétales et en réalisant des croisements guidés à l’aide d’outils modernes fournis par la biotechnologie.

«Le cycle de développement des variétés améliorées pouvant prendre une longue période qui peut aller jusqu’à 14 ans, les chercheurs de l’institut, pour réduire ce temps, utilisent des outils de «speedbreeding» qui consistent à avoir plus d’une génération par an et ainsi réduire le cycle d’amélioration par 3 à 5 ans», souligne Faouzi Bekkaoui, directeur de l’INRA.

 

L’exemple réussi du triticale
Les observations préliminaires ont montré que les triticales sont plus tolérants à la sécheresse. Cette espèce, qui vient d’un croisement de blé et de seigle, développe aussi des rendements supérieurs au blé. A noter que les triticales sont utilisés dans l’alimentation animale comme fourrage. Toutefois, cette variété peut être mélangée dans une proportion de 10% avec du blé pour faire du pain. C’est donc une opportunité pour investir dans l’adaptation au changement climatique et à la diminution de la pluviométrie. Les variétés résilientes ayant un système racinaire plus développé qui aide la plante à absorber plus d’eau pour permettre une croissance de la plante, sont meilleures que les variétés avec un système racinaire moins développé.

 

 

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