@ Les lieux d’exposition sont souvent déserts; le public n’est pas sensible à l’art.
Malgré les atouts dont elle dispose, la culture se porte mal dans notre pays par manque de volonté. Pour qu’elle se remette de sa maladie, il faut lui donner un coup de fouet.
Par R. K. Houdaïfa
Sur l’état de santé de la culture, les appréciations sont contrastées. Positivité d’un côté, négativisme de l’autre. Les uns portent un regard désenchanté sur la place dérisoire qu’occupe la culture dans notre société, pendant que les autres sont convaincus que jamais notre vie culturelle n’a été si riche.
La nature sensible du débat aidant, l’on succombe aisément à la tentation de la surenchère. Affirmer que notre paysage culturel ressemble à une morne plaine est pour le moins excessif, compte tenu de la louable fécondité dont font preuve nos artistes. D’un autre côté, soutenir que notre culture brille d’un vif éclat, revient à grossir démesurément une réalité bien modeste.
Plutôt que de rayonnement, mieux vaut parler d’une lumière encore incertaine, en tout cas inégalement répandue. Certes, on ne peut que prendre acte d’une mutation tangible marquée notamment par le maintien des programmes d’appui et de soutien financés par la FNAC, le programme d’achat de livres, la numérisation de la culture, la construction de 26 institutions culturelles (réparties sur les différentes régions du Royaume), l’équipement de 38 institutions culturelles (dans 10 régions du Royaume), la préservation du patrimoine architectural et sa valorisation.
Autant de gestes qui signent la volonté de prendre le taureau par les cornes, mais qui demeurent isolés, minoritairement répartis, dans la mesure où seuls quelques privilégiés en bénéficient. Il importe d’aborder frontalement une refondation de la culture. L’élaboration de ce dessein passe indiscutablement par la revalorisation de celle-ci.
Ce qui implique, dès l’abord, de repenser d’une façon radicale l’enseignement de la culture et les disciplines artistiques à l’école. Jusqu’ici, il est assuré par l’instituteur. Or, nombre d’enseignants n’y ont aucune disposition. Le plus sûr moyen d’éviter le gâchis est de confier l’éveil à la culture et l’art à un personnel adéquat. La culture scolaire est aujourd’hui fortement concurrencée par la culture télévisuelle. Tout bien considérée, celle-ci peut être bénéfique pourvu qu’on en fasse un usage judicieux. Par la diffusion à des heures de grande écoute d’émissions auxquelles prendraient part des connaisseurs, des pédagogues et des praticiens.
Le média visuel contribuerait efficacement à l’éclosion d’artistes tout autant qu’au développement du goût artistique et à la sensibilisation du grand public. A ces mesures s’ajoutent celles de favoriser le développement d’initiatives culturelles innovantes; de dynamiser une production culturelle et médiatique de qualité contribuant au débat, à la sensibilisation et au rayonnement de notre culture; de déployer et animer des lieux de vie culturels … L’école, les médias ont un rôle déterminant dans la promotion de l’art et la culture. Mais leur impact gagnerait à être renforcé par une réelle volonté politique. Et c’est là où le bât blesse.