La peinture de Armaiche Kawtar Lamyae charrie l’éclat lumineux de la peinture de Monet, la finesse de Fantin-Latour ou encore la matière crémeuse de Manet. Encourageant.
La chatoyante impressionniste Armaiche Kawtar Lamyae donne à voir un travail aussi alarmant qu’étouffant, tentant et engagé, dont l’objectif est de redonner vie au corps féminin, le déployant ainsi dans un monde de cauchemars. Un minutieux discours sur la libération des femmes sans parole.
La femme au regard brillant est plongée dans ses pensées, absente. Avec «Rose Sorry», Lamyae s’évertue, peut-être, à refléter une image de l’intériorité et de la solitude, où le sentiment de vide côtoie une étrangeté d’autant plus forte qu’elle est d’un implacable réalisme.
L’art de Lamyae s’épanouit, ici, dans un certain registre : celui du nu, en particulier féminin. Le diptyque témoigne d’une vision plutôt lourde de la sensualité féminine : une étude de corps sans vie et sans liberté. Le contraste est saisissant avec la manière dont elle traite, avec légèreté et aisance, le nu féminin, qu’elle délivre peut-être d’une scène déjà rencontrée.
Armaiche Kawtar Lamyae interprète ce thème grâce à une technique mixte sur toile en rehaussant le corps d’une femme. Enfin, juste le buste. Le nimbant de couleurs diffuses, elle le laisse incertain et évanescent. La paix n’y est pas tout à fait, parce que la chair de ce corps reste impénétrable.
Ceci dit, l’œuvre délivre un secret ou plusieurs, mais donne également à voir des fantasmes à peine avouables. Diptyque glaçant où se lit dans le regard morne et l’absence de sourire la froideur indifférente d’une femme prise au piège, mise à l’écart… pis encore : bannie. Tout s’attache et se délie en même temps dans cette toile.
Par R.K.H