Culture & Société

Tous les articles

Un jour, une œuvre : Le doux-amer à coup de photo-missiles

Un jour, une œuvre : Le doux-amer à coup de photo-missiles

Liberté & hijab. Puisse qu’un tel fait sembler paradoxal ?! Fatimazohra Serri est une jeune photographe qui interroge avec éloquence son statut social de femme dans une société ballottée par les vents contraires. Elle jette à notre face certains tabous : nos défaillances.

 

Comme beaucoup de femmes, Serri n’a pas toujours eu des relations simples avec sa féminité, et la hache de guerre est loin d’être enterrée. Mais depuis qu’elle s’est évertuée en photographie, elle a commencé à doucement emprunter le chemin vers la paix. Presque.

Photographier les jambes nues d’une femme en talons, dont le haut du corps habillé d’un niqab se réfléchit dans un miroir posé à ses pieds : «c’est assez rebelle contre la religion et le système !» Voilà la réponse de la jeune à ses propres interrogations - et à la douleur qu’elle a longtemps supportée.

Marocanité et féminité ? Sujets controversés ! Depuis quelques années, la photographe, originaire de Nador, diplômée de l’Institut supérieur de technologie appliquée (ISTA), nous plonge dans l’univers d’une jeune femme issue d’une famille conservatrice, et jalonnée de privations dictées par la tradition et la religion.

Par le prisme de son regard de femme, ses cadrages serrés ou encore ses gros plans, Fatimazohra Serri nous donne-t-elle à voir des fragments du quotidien d’une femme en devenir ? Non, mais plutôt une femme asphyxiée, répudiée et obligée à s'habiller ainsi qu’à se comporter de manière plus puritaine.

Mais au-delà du corps voilé, visage marqué, regard grave ou éclipsé, elle nous montre des détails où se manifestent sa hantise et son amour de la liberté. La vie ! En résulte un langage visuel poétique mais en tension, dans lequel s’entremêlent références orientalistes et objets de l’intime ainsi que du quotidien ménager.

Au travers de ses photos, Fatimazohra Serri dépeint une femme, qui peut être riche d’inventivité, certes, mais en proie à l’accablement, l’écartement et la sacralisation plutôt juste qu’à un temps suspendu.

 

*Fatimazohra Serri, qui a peu exposé, diffuse surtout son travail sur les réseaux sociaux. Suivez-là sur : www.instagram.com/fatimazohraserri

 

Par : R.K.H

Articles qui pourraient vous intéresser

Dimanche 18 Fevrier 2024

«Etre arabe»: entretiens avec Christophe Kantcheff De Farouk Mardam Bey, Elias Sanbar et Christophe Kantcheff

Mercredi 27 Decembre 2023

Les lauréats de la 2ème édition du Prix national des arts plastiques

Mardi 26 Decembre 2023

Confidences : Leila Kilani, artisane d'utopies cinématographiques

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux