Trois auteurs combinent leurs travaux pour donner corps à un ouvrage important pour comprendre ce qu’est être Arabe. Etre Arabe, un ouvrage référence pour démêler le vrai du faux sur un sujet très complexe.
Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste
Ce sont d’abord des questionnements qui fusent dans ce livre signé par trois auteurs sous forme d’entretiens. Nous sommes en 2013. Le monde arabe est en pleine mutation. Etre Arabe signifie-t-il encore quelque chose ? Et que valent des concepts comme l’arabisme, l’arabité, le nationalisme arabe et panarabe ? Les Arabes n’ont-ils pas raté les principales mouvances du XIXe et XXème siècles ? N’ont-ils pas accusé beaucoup de retard alors que l’Occident a fait un bond en avant à tous les plans ? Quelle place occupe le conflit palestinien dans l’équation de l’arabité entre identité et communautarisme ? Comme l’explique l’un des auteurs de ce livre, Christophe Kantcheff, «L'idée centrale de ce livre est de s'opposer à la caricature diffamatoire ou auto-diffamatoire sur l'identité et l'histoire de l'Arabe».
Cet ouvrage est d’autant plus nécessaire qu’il arrive à un moment où les commentaires pullulent sur ce que les médias ont nommé printemps arabe, avec des révoltes urbaines, des révolutions ratées et des rêves de liberté ajournés.
C’est quoi au juste être Arabe au Caire, à Casablanca, à Tunis, à Oran ou à Beyrouth ? Y a-t-il des différences entre ces peuples ? Vivent-ils les mêmes mutations et mouvances ? Ce qui est sûr, c’est que le divorce a depuis longtemps été consommé entre gouvernants et gouvernés. Ce qui rend les espoirs de la démocratie de plus en plus lointains. Entre des tyrannies qui ont trop duré et des tentatives de démocratisation, le monde arabe est aujourd’hui confus. Certains pays comme la Syrie vivent le chaos absolu quand d’autres comme la Libye et l’Egypte traversent des troubles dont on ne voit pas la fin.
Dans ce contexte, combien de temps faudra-t-il encore pour voir de nouvelles approches de gouvernance émerger sur les décombres d’un passé lourd d’exactions. Etre Arabe jette aussi la lumière sur ce qui se passe en France, terre d’accueil de plusieurs identités arabes. Entre montée du communautarisme, de l'antisémitisme et de l'islamophobie, quelle place pour l’Arabe ?
Dans cette série de sept entretiens réalisés à Paris en novembre, deux intellectuels arabes, l'un syrien, l'autre palestinien, répondent sans détours à toutes ces interrogations pour clarifier un peu une atmosphère floue alimentée par des commentaires souvent oiseux des Occidentaux et des Arabes eux-mêmes.