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Un jour, une œuvre : L’improbable fable de Lady Bobblehead

Un jour, une œuvre : L’improbable fable de Lady Bobblehead

Il est de ces nombreux livres qui, emportés par le monde que l’on a sous les yeux, s’écrivent pile au bon moment. Certes, tombés dans un trou, dont il serait dommage de ne pas tenter de l’extirper, d’autant plus que, tout au fond de ce trou, c’est dangereux, un mal aussi étrange qu’incurable rôde. Vivant dans un brouillard permanent provoqué par une fumée nauséabonde, il s’évertue dans une mainmise acharnée de nos libertés, voire notre existence.

 

 «Une histoire stupide, aurait pu dire le narrateur s’il était arrivé à l’heure», lit-on. Sexe, drogues & rock’n’roll saupoudrent le livre tout entier. Une playlist gracieusement offerte, de quoi faire trembler les murs tout en se décongelant l’esprit par une plongée dans les 148 pages qui constituent le roman. De Metallica à Korn, en passant par Kiss, The Who ou encore Marilyn Manson entre autres, tout en ayant un soupçon de musique arabe avec Abdelhadi Belkhayat. Eclectique.

On peut utiliser le temps comme un variateur d’humeur, une palette de mise en couleur d’un texte et, de plus en plus, comme un signe de ­dérèglement global.

«Tu regardes cette fille étalée devant toi sur la chaise de ce restaurant étrange. Tu l’as ramenée ici pour la dégouter, pour voir ses yeux sortir de leurs orbites comme des bouchons de champagne.»

A lire, on ressent l’ambiance d’un verdict qui nous est destiné : «La solitude s’abat sur toi comme un drap à moitié sec emporté par le vent. Ça te couvre. Ça t’aveugle. Ça te protège du monde et protège le monde de ta laideur. Le vent s’arrête quand on coupe le ventilateur. Sur toi, le drap tombe raide, inerte comme une pelure ou une peau morte. On peut t’appeler Casper, mais tu n’as pas d’âme, on ne peut pas t’accabler de la sorte».

Les extrêmes ­politiques et religieux s’agitent, par ailleurs, et rameutent l’opinion. Et, «au nom du réalisme fiscal, on taxe aussi les prostituées et les travailleurs clandestins…»

Le narrateur a-t-il perdu l’esprit sous l’emprise de pervers narcissiques ou est-il dans le vrai ? Bâti moyennant un texte qui suit la voie étroite qui consiste à susciter suffisamment d’empathie pour rendre le personnage crédible.

«Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est voulue. Seuls les protagonistes du récit ne le savent pas encore.»

Hicham Lasri a quelque chose du cheminement initiatique d’une âme perdue dans un monde en déréliction. Une fable contemporaine à point nommé.

Que faire, alors, contre un mal qui n’en fait qu’à sa tête et qui menace le fragile équilibre de tout notre être ? La morale de ce roman est claire. A vous de la découvrir !

(Hicham Lasri, L’improbable fable de Lady Bobblehead, éditions Rimal, à sortir fin juin 2020).

Par R.K.H

 

 

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