«Un si long chemin…» est le quatrième roman publié aux éditions Les Impliqués (France) et signé Intissar Haddiya, romancière et professeure-néphrologue. Il explore le thème central de la résilience en suivant deux parcours de femmes. Découverte.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Vous en êtes à votre sixième ouvrage (et quatrième roman). Qu’est-ce qui différencie «Un si long chemin…» de vos précédents livres ?
Pr Intissar Haddiya : Chaque livre que j’écris marque une nouvelle étape importante dans mon parcours d’auteure. «Un si long chemin...» se distingue par son exploration profonde de la résilience et des dynamiques humaines qui la soustendent. Ce roman met en lumière la force intérieure nécessaire pour surmonter les épreuves de la vie, qu’elles soient personnelles, sociales ou professionnelles. À l’instar de mes précédents ouvrages, il donne une place centrale aux personnages féminins. Ici, deux protagonistes, aux destins croisés, incarnent ce thème de manière poignante. L’une doit faire face à un drame qui a marqué sa jeunesse, tandis que l’autre lutte contre les injustices d’un milieu professionnel toxique. Ce récit, tout en étant fidèle à mon style d’écriture, cherche à aller au-delà de l’histoire individuelle pour toucher à des enjeux universels. Il souligne la capacité de chaque être humain à se reconstruire malgré les obstacles et les blessures, et invite les lecteurs à réfléchir sur la force de la résilience face aux défis de l’existence.
F.N.H. : Le symbole de la résilience est incarné par deux profils féminins, Nadia et Lilia, dont les histoires se croisent et s’entremêlent. Quel message souhaitez-vous transmettre ?
Pr I. H. : Avec «Un si long chemin…», je souhaite transmettre un message d’espoir et de courage face aux difficultés de la vie. À travers les parcours de Nadia et Lilia, ce roman explore la capacité de chacun à puiser en soi les ressources nécessaires pour avancer, malgré les blessures et les injustices. Ces deux personnages féminins illustrent la force qu’il faut parfois déployer pour se reconstruire, que ce soit après un drame personnel ou dans un environnement professionnel difficile. Ce livre met également en avant le rôle essentiel des relations humaines dans ces parcours de résilience. Qu’il s’agisse de gestes de solidarité, de soutien moral ou de simples connexions humaines, ces éléments peuvent être déterminants pour surmonter l’adversité. Au-delà de leurs histoires personnelles, Nadia et Lilia incarnent des réalités partagées par de nombreuses femmes confrontées à des luttes silencieuses, mais puissantes. Ce roman invite les lecteurs à réfléchir sur la capacité de transformation que chacun possède en soi et sur l’importance d’un environnement bienveillant pour faciliter la reconstruction.
F.N.H. : Vous venez de signer un contrat avec l’éditeur français Les Impliqués. Pouvezvous nous parler de cette nouvelle expérience ? Et quelle est sa valeur ajoutée pour vous en tant qu’auteure ?
Pr I. H. : L’éditeur peut jouer un rôle crucial dans le succès d’un ouvrage en termes de distribution et de promotion. Avec «Les impliqués» qui est une collection du groupe Harmattan, c’est une nouvelle aventure qui démarre avec ce livre. Et je suis contente que le contrat d’édition que je viens de signer soit un contrat à compte d’éditeur. En tout cas, j’espère que mon ouvrage réussira à atteindre un large lectorat d’horizons variés.
F.N.H. : Vous avez signé votre livre au Carrousel du Louvre, un lieu hautement symbolique. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Et en quoi est-elle unique pour vous ?
Pr I. H. : Signer mon roman au Carrousel du Louvre a été une belle expérience, marquée par l’émotion et la fierté. Ce magnifique lieu, où se croisent histoire et culture, offrait un cadre prestigieux à cette rencontre avec un public venu d’horizons divers. Les échanges avec les lecteurs étaient empreints d’une richesse particulière, témoignant de l’universalité des thématiques abordées dans l’ouvrage. La signature était organisée lors d’un vernissage de la divine Académie des arts, lettres et culture. Elle a été bien plus qu’un simple moment de partage, du fait qu’elle m’a permis de rencontrer des personnes intéressantes du monde artistique et culturel et a renforcé mon lien avec mes lecteurs. Aussi, cet évènement est également symbolique du fait qu’il a permis de relier des mondes différents et de construire des ponts entre les cultures. Ce fut une expérience à la fois inspirante et profondément gratifiante, qui me motive à poursuivre ma passion de l’écriture et du partage.
F.N.H. : ‘Un si long chemin’ résonne profondément chez les lecteurs, reflétant pour beaucoup le miroir de leur vécu et de leur expérience de vie. Que pouvez-vous nous dire sur la relation que vous avez su nouer avec votre public ?
Pr I. H. : Je crois que ma relation avec mes lecteurs est fondée sur la proximité que créent les récits que je propose. Ils me disent souvent qu’ils se reconnaissent dans mes personnages, ou du moins y trouvent une part d’euxmêmes. J’ai aussi remarqué lors des séances de signature que les thèmes que j’aborde et les scènes que je décris, trouvent un écho particulier chez des lecteurs d’âges et de milieux différents. Ce qui me touche particulièrement, ce sont les échanges autour des signatures. Qu’ils soient porteurs d’éloges ou de critiques constructives, ces retours sont pour moi une source précieuse d’inspiration. Ils témoignent de l’impact de mes écrits et m’encouragent à approfondir mon regard sur les complexités de la vie et des relations humaines. De plus, je ne vous cache pas que cette interaction avec les lecteurs me ravit au plus haut point. Ce n’est pas seulement un enrichissement personnel, mais aussi un rappel constant du rôle de la littérature, celui de relier, de s’ouvrir aux autres, de susciter la réflexion. Chaque commentaire, chaque partage d’expérience lié à mes ouvrages, confirme que l’écriture a le pouvoir de toucher les cœurs et de déclencher de précieux échanges. C’est dans cette dynamique que je puise la motivation pour continuer à écrire, toujours avec l’espoir de créer ce lien unique entre une histoire et celui ou celle qui la lit.
F.N.H. : Dans cette perspective, la traduction de vos livres pourrait vous permettre de dépasser la barrière linguistique et de toucher de nouveaux lectorats. Avez-vous des projets dans ce sens ?
Pr I. H. : Effectivement, la traduction offre une opportunité précieuse de donner une seconde vie aux textes, leur permettant de franchir les frontières linguistiques et culturelles. En rendant mes ouvrages accessibles dans d’autres langues, cela permettrait de toucher plus de lecteurs. C’est une manière de prolonger le voyage des récits et d’élargir leur résonance à un public plus diversifié. Mes premiers livres étaient traduits en arabe et anglais. Deux langues qui ouvrent des horizons vastes et complémentaires. C’est d’autant plus important que chaque traduction est une nouvelle interprétation, une manière différente de faire vivre l’histoire. Elle crée une passerelle entre les cultures, enrichissant le texte original dans l’esprit d’un dialogue littéraire sans frontières.
F.N.H. : Vous êtes de plus en plus sollicitée par les médias marocains et étrangers. Comment Intissar l’écrivaine parvient-elle à se détacher d’Intissar, la femme médecin, pour gérer cette notoriété ?
Pr I. H. : C’est un privilège d’être sollicitée et de susciter l’intérêt des lecteurs ainsi que des médias. J’aborde ma double identité de médecin et de romancière avec spontanéité et équilibre. Mon activité médicale m’offre un ancrage et une immersion directe dans les réalités humaines. En revanche, lorsque je glisse dans la peau de la romancière, je m’autorise une forme de liberté créative. Cela me permet de prendre du recul, d’explorer les nuances de la condition humaine et de transformer des fragments de réalité en récits imaginaires. Bien que ces deux facettes puissent sembler opposées, elles se complètent et s’enrichissent mutuellement, créant un véritable équilibre dans ma vie professionnelle et personnelle. Cette dualité, bien qu’exigeante, m’offre une perspective élargie sur le monde et les émotions qui le traversent. Elle me permet de plonger dans les complexités de l’existence tout en offrant, à travers mes écrits, un espace de réflexion ou d’évasion pour mes lecteurs. Cette complémentarité entre médecine et écriture est certes un défi constant, mais c’est surtout une richesse inestimable.