L’accent est mis sur le financement et le partage des données pour mieux lutter contre les accidents. La feuille route table sur la réduction de 50% de la sinistralité routière d’ici 2030.
Par C. Jaidani
Marrakech a abrité du 18 au 20 février la 4ème conférence ministérielle internationale sur la sécurité routière. Cet événement de taille a connu un fort engouement. Il a regroupé pas moins de 3.000 participants, dont notamment une centaine de ministres et près de 900 experts. Il a vu le soutien des Nations Unies ainsi que des institutions qui lui sont adossées, comme la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette conférence a été conclue par la Déclaration de Marrakech. Celle-ci donne une grande importance à la promotion de la sécurité routière à l’international, surtout dans les pays pauvres où il existe des difficultés en matière de financement.
De l’avis de nombreux intervenants, la sinistralité routière continue d’avoir des effets pervers socioéconomiques importants malgré les efforts déployés. Comme l’a souligné Tedros Adhanom Ghebresssus, Directeur général de l’OMS, «le phénomène cause la mort à 1,2 million de personnes dans le monde et génère 50 millions de blessés annuellement. Il faut fédérer tous les efforts et renforcer l’engagement de la communauté internationale pour lutter efficacement contre ce fléau».
La Déclaration de Marrakech a prôné «l'accélération de la mise en œuvre du Plan international de sécurité routière afin de réduire de moitié les victimes à l’horizon 2030. Pour ce faire, il est primordial de renforcer les engagements nationaux et internationaux, tout en garantissant un financement durable et intégré de la sécurité routière». Lors de la séance de clôture, Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, a affirmé que «la Déclaration de Marrakech n’est pas un acte d'intention, mais un appel à l'action, une feuille de route pour réaliser des progrès significatifs en matière de sécurité routière dans le monde entier. Elle est le fruit d'un effort de collaboration, reflétant les voix et les contributions de toutes les parties prenantes. Elle réaffirme les principes essentiels à respecter, notamment un leadership fort et une responsabilisation, un financement durable, l'innovation et la technologie, et une collaboration intersectorielle».
Il faut noter que le financement a été un axe fortement débattu lors de cet événement. La Banque mondiale a annoncé que les banques de développement vont porter leurs financements dans la sécurité routière à 10 milliards de dollars. «Le renforcement de la sécurité routière passe par un engagement commun. Les gouvernements nationaux assurent un rôle central en ce qu’il leur revient de prioriser ces investissements dans le cadre de leurs politiques de transport, d’application de la loi et de santé. De fait, la sécurité routière mondiale souffre d’un déficit critique de financement qui ralentit les progrès nécessaires pour réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur la route d’ici à 2030», indique la Banque mondiale.
Au terme de cet événement, Benacer Boulaâjoul, Directeur général de Narsa, a mis l’accent sur «le volet préventif pour lutter contre la sinistralité routière. Les échanges d’informations sont très importants. A cet égard, un nouveau système de collecte de données sera lancé cette année au niveau national. Il a pour objectif de recueillir tous les détails possibles des services de police, des centres hospitaliers et des observatoires spécialisés afin d’améliorer la prévention et la prise décision». A ce niveau, Narsa a renforcé son partenariat avec le Groupe international sur la sécurité routière (IRTAD).
«Notre accord permet de renforcer l’évaluation des infrastructures routières et de former des experts marocains en la matière», indique Dominique Mignot, président du Groupe IRTAD. L’accord vise à former 50 experts spécialisés dans évaluation des routes, la classification des infrastructures par niveau de sécurité et l’élaboration de plans d’investissement pour améliorer les réseaux routiers.