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Musique : Vue panoramique sur la musique électronique

Musique : Vue panoramique sur la musique électronique

Comment va la scène electro marocaine ? Ou plutôt comment «vont-elles», car «electro» est un mot-valise qui recouvre plusieurs réalités différentes.

Pour simplifier et ne pas se perdre dans le labyrinthe des sous-courants et des microstyles, nous devons séparer la galaxie électronique en deux grandes familles : la techno-house et la dance. Cette dernière est souvent qualifiée avec une pointe de mépris de «commerciale».

Par R. K. H.

Légende photo : Plus de six mille ravers se sont retrouvés sur le Fellah Hôtel à Marrakech, en 2019. Pour l’Oasis, près de 3.000 personnes ont pris part à la 3ème éd. du Moga festival, à Essaouira...

A sa naissance, au milieu des années quatre-vingt, la techno se présentait comme une collision du funk noir américain et de la pop synthétique européenne. Trois givrés en sont les créateurs : Derrick May, Juan Atkins et Kevin Saunderson. Un cinglé DJ en est l’inspirateur. Charles Johnson qui, dans ses émissions radiophoniques, s’amusait à mêler Jimi Hendrix et kraftwerk, les B52’s et Depeche Mode. Le trio de Detroit fut emballé par ces mélanges indus. Il en fit le principe directeur de sa musique.

Pendant ce temps à Chicago, un DJ fantasque, Frankie Knuckles, passait le plus clair de son temps à mixer disco et new-wave européenne. De jeunes Djs noirs lui emboîtèrent le pas : la house (contraction de Warehouse, un club chic et choc de Chicago) vit le jour. L’Angleterre fut la première à entrer dans la technosphère, l’Allemagne fêtera la chute du Mur au son de l’acide house, les fêtards belges s’encanailleront au rythme du new beat, les boîtes françaises select se laisseront emporter dans le flot de la pulsation et des basses telluriques.

House/Techno : les deux vocables sont synonymes, mais le second tend à prendre le dessus parce que cette vogue musicale est beaucoup redevable à la révolution technologique.

Musique machinique, inventée par des jeunes noirs américains séduits par les rythmes robotiques européens, la techno attire dans ses filets bioniques des hordes de technoïdes.

Ses mordus seraient, en quelque sorte, des hippies technologiques. La thèse est partagée par beaucoup de sociologues qui regardent cette vogue comme une résurgence du «baba-coulisme» des années soixante. Avec de surcroît, Internet et science-fiction. En tout cas, la musique électronique gomme indéniablement les frontières géographiques, raciales et culturelles. Ce par quoi elle tendrait vers l’universel. Pourquoi ne pas y voir une réaction instinctive à la folie «ethnique» ?

N’en déplaise aux contempteurs, la techno propose un message spirituel, qu’un étudiant résume ainsi : «Chacun s’est mis à projeter ses phobies ou ses utopies sur ce mouvement. De l’extérieur, on y voit le signe d’une société robotisée, déshumanisée, menacée par l’individualisme, la drogue et toutes sortes de perversions. Pour les ravers, au contraire, c’est l’espoir d’une société moderne, fraternelle et pacifique, qui ne serait plus uniquement gouvernée par l’argent». En un mot, la techno est une contreculture.

 

L’EDM, un succès foule

L’univers de la House/Techno ne se porte pas aussi bien qu’on le pense, mais celui de l’EDM va plutôt bien. N’en déplaise aux puristes, cette dernière est partie pour s’installer.

EDM est le sigle d'Electronic Dance Music, désignant à l'origine toute musique électronique destinée à la fête et au clubbing, plus volontiers surnommée dance music ou club music en Europe. Depuis sa naissance, on la voit muter sans cesse, de la house de Chicago à la techno de Detroit en passant par la culture rave, mais c'est à partir de la fin des années 2000 et la prise de pouvoir de l'électronique sur la culture populaire américaine que le sigle EDM devient incontournable. Pour l'écrasante majorité des critiques et des puristes, cette musique aux productions gonflées à l'hélium et aux refrains sucrés est même une version abâtardie et boursouflée de la House/Techno. Mais, d’aucuns verront cette sous-culture comme la petite cousine bien éduquée des rave parties.

Bpm, rave, sampler… il y a quarante ans, ces termes paraissaient chiffrés, aujourd’hui, ils sont usuels. Entre-temps, le domaine duquel ils ressortissent, l’electro, n’est plus confiné dans les marges, il est devenu un phénomène de société. Qui pourrait encore faire la sourde oreille à cette mode musicale ?

 

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