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Marché de l’art: ces bleus qui montent, qui montent…!

Marché de l’art: ces bleus qui montent, qui montent…!

Ils sont jeunes, très jeunes et, à peine arrivés, ils/elles réclament des cotes de grands.

◆ Prix excessifs des toiles ? Mercantilisme des galeries ? Les raisons de ce paradoxe sont nombreuses et complexes.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

Depuis peu, nous remarquons que les talents naissants alignent pratiquement leurs tarifs sur ceux de leurs aînés éprouvés. C’est à la fois injustifié et frustrant ! A mesure que nous prenons connaissance des prix «réclamés» par un certain jeune - exposant dans une galerie mineure -, nous tombons de haut.

Pour une toile mesurant 50 cm sur 50, il exige 20.000 DH ! Ce «bleu» se prendraitil pour un artiste blanchi sous le harnais? Si encore il était précédé d’une quelconque réputation, mais c’est un parfait inconnu. Or, ce qui obligerait les exposants à majorer leurs prix afin de «s’y retrouver», c’est (indubitablement ?!) les 40% - parfois 50 % - que les galeristes prélèveraient sur les produits de leurs ventes. Prélèvement légitime, rétorquent ces derniers, mettant en avant leurs dépenses : IGR, patente, taxe d’édilité, enseigne payée au mètre carré, impôt en fonction du chiffre d’affaires, sans compter le coût du catalogue et des cartons d’invitation.

Arguments imparables que les peintres balaient d’un revers de main. Les galeristes s’engraisseraient-ils sur leur dos, par n’importe quel moyen, si éhonté soit-il ? Invités à répondre à ces accusations, les galeristes se défendent d’être mus par le seul ressort mercantile. Ils seraient jaloux de la dignité de l’art, montreraient des talents naissants et accueilleraient des démarches esthétiques inhabituelles.

Mais par intermittence, soulignent-ils, sinon ils signeraient leur mort. Et les galeries misent prudemment sur les valeurs sûres, surfent sur l’éclectisme et cultivent les compromis, pour ne pas faire naufrage. Devrait-on leur jeter la pierre pour autant ? Ulcérés sont donc les galeristes qui se font un devoir d’offrir leurs cimaises aux palettes prometteuses. Ils en ont vu de toutes les couleurs avec ces débutants, tellement convaincus de leur génie qu’ils mettent la barre très haut alors qu’ils n’ont pas encore affûté leurs pinceaux.

Malgré le fait qu’ils remplissent convenablement leur mission - celle de médiateurs de la création faisant passer le pas à l’œuvre jusqu’à l’appréciation du public-roi -, lesdits galeristes avouent en être immanquablement pour leurs frais, lorsqu’ils s’avisent d’exposer des jeunes peintres. Il leur est arrivé de ne vendre aucun tableau et souvent de perdre de l’argent. Parfois, ils en écoulent un ou deux, au lieu de dix ou vingt.

Pente savonneuse

Il y a quand même des amateurs, mais ils seraient réfrigérés par les prix affichés sur les toiles. Nos jeunes peintres auraient tendance à surestimer leur valeur. A la guerre comme à la guerre, penserait-on, mais, quand ceci débouche sur l’autosurévaluation, ce sont eux qui en font les frais les premiers.

S’ils «démocratisent» leurs prix, les amateurs d’art et euxmêmes y trouveront le compte. C’est dire que l’«auto-cotation» est un exercice périlleux et un procédé intolérable, à la fois. Ceci dit, il ne leur appartient pas de fixer leur propre cote. Qui doit faire la cote, alors ? C’est le marché. Entendu comme un ensemble formé des amateurs d’art, des collectionneurs, des galeristes et des maisons de vente aux enchères.

Sacrebleu ! Ici, c’est l’amateur de toiles qui trinque ou, en désespoir de cause, se force à l’abstinence. Il est évident qu’en proposant des prix élevés, les jeunes artistes ne peuvent que rebuter les éventuels acquéreurs, surtout ceux, et ils sont nombreux, qui ne disposent pas d’un budget consistant. Autant de coups de massue que les amoureux de l’art aux budgets limités ne sauraient supporter.

 

 

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