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«Enfance au Maroc» est en deuil permanent

«Enfance au Maroc» est en deuil permanent

 

Observateur de la condition indigente, Hicham Houdaïfa prend son bâton de journaliste pour se faire le visiteur des répudiés(es).

 

Informer, c’est choisir de faire savoir. Fonction démocratique et nécessaire dans une société où la transparence est recherchée et vantée comme élément déterminant et positif du «vivre ensemble». C’est ce qui fait, d’ailleurs, courir le journaliste Hicham Houdaïfa, ce fervent défenseur des «oubliées du Maroc profond» entre autres.

Certaines investigations laissent sur vous une empreinte vivace, tant elles vous dépaysent de votre cocon habituel et vous assènent des émotions denses. Lire la dernière enquête de Hicham Houdaïfa, c’est passer abruptement de l’individualisme ambiant à un univers régi par la solidarité fraternitaire.

«Enfance au Maroc, une précarité aux multiples visages» en dit long sur une peine sociale : la violence perverse envers les enfants. Une terreur froide, quelquefois physique, mais dont la cible sort généralement usée et brisée, parfois même les pieds devant.

En analysant comment l’«enfance au Maroc» est devenue un problème; «une précarité aux multiples visages», Hicham Houdaïfa explore l’écart qui n’a cessé de se creuser entre les jeunes et les moins jeunes; comment ce n’est plus une fosse qui les sépare, ni même une faille, mais un gouffre, un abîme…

Abandon scolaire, mariage précoce, exploitation économique, absence d’état civil, violences sexuelles…, au Maroc la précarité frappe durement les enfants. On ne peut plus laisser l’«enfance au Maroc» accroître sa méprise. Problème public, sans aucun doute. Mais pas seulement : méprisée, elle entretiendra une relation étroite avec la violence.

L’enquête vous mettra dans la peau des «enfants fuyant un quotidien de violence se réfugient à la gare routière où ils sont livrés à tous les abus». Elle vous plongera également dans «le quotidien des petites bonnes»; des enfants de Lahraouiyine, ballottés(es) entre violence, misère, trafic de drogue…

Jeter à la face de la société l’injustice infligée à des innocents par un destin aveugle, est une mission phare à laquelle s’était louablement attelé ce journaliste. Bouleversé par la détresse des enfants, il résolut de venir à bout de ce drame révoltant.

La véritable souffrance, le plus souvent dédaignée, voire méprisée, vous la rencontrerez dans «Enfance au Maroc, une précarité aux multiples visages».

L’enfance pouvait être amputée, l’espoir pouvait être saccagé, d’autant que la vie pouvait être un risque. Permettons donc aux enfants de connaitre autre chose que la faim, la misère, l’ignorance et la violence. Il convient de chuter par cette formule de Louis XIX : «il faut de l’enfance répandu partout». A bon entendeur, salut !

* «Enfance au Maroc, une précarité aux multiples visages», de Hicham Houdaïfa. Editions En Toutes Lettres, investigation et débat d'idées, octobre 2020, 134 pages, 65 DH.

 

Par R.K.H

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