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Enchères: Le marché de l’art renaît de ses cendres

Enchères: Le marché de l’art renaît de ses cendres

La Compagnie marocaine des œuvres et objets d’art (CMOOA) a rouvert le 27 juin. La vente aux enchères organisée à l’occasion a apporté son lot de surprises veinardes ou guignardes. Mais c’est le marché de l’art qui en tire bénéfice.

 

Par R. K. Houdaifa

 

L’hôtel des ventes de la CMOOA se niche dans l’un des quartiers les plus huppés de la mégapole. Arrivé devant la porte, un jeune homme nous informe que «c’est full». Avec les mesures sanitaires strictes, des effectifs réduits, gestes barrières et éloignement de 1,5 m entre chaque siège, le lieu ne pourra donc accueillir pas plus qu’une vingtaine de personnes.

Sur ce, Hicham Daoudi, esthète intempérant, pétri d’un savoir-faire remarquable, affûté au fil de sa longue immersion dans le monde de l'art, arrive et s’empresse de lever la méprise. Lorsque vous y pénétrez, vous êtes sitôt happés(es) par le charme du lieu, tant celui-ci est envahi de toiles. Celle du Maroc ancien, les premières années d’aprèsindépendance, moderne et contemporain.

A 17h15, on se décide enfin à commencer les enchères. En guise de préambule, un lot de Jean Besancenit, «Costumes et types du Maroc», manière de se faire la main. D’emblée, la cadence ne parait pas si diligente. Hassan El Glaoui ne fit pas pâle figure, puisque sa gouache sur panneau, «Portrait de Aïcha», fut acquise pour la somme de 280.000 DH, même si quatre de ses gouaches sur papier se laissent envoler à leur prix d’estimation minimal.

Les enchères se poursuivent. Pas de flambée. En deçà de son estimation, la gouache d’Ahmed Louardiri «Musique populaire», part pour 171.000 DH. Nous apprenons que cette œuvre réalisée en 1971 a été sobrement intitulée : «La naissance de Jésus». Les gouaches sur papier de Mohamed Ben Allal, «La préparation du pain», «Jour de fête» et «Le vannier» sont adjugées respectivement à 33.000 DH, 36.000 DH et 37.000 DH.  «Le prèche» s’est laissée aller à 121.000 DH.

 

Meilleure adjudication : 2.475.000 DH

Parvenu à la pièce n° 26, la vente s’anime et les enchérisseurs se multiplient.  La meilleure adjudication, 2.475.000 DH, revient à l’huile sur toile, «Portrait du pacha El Glaoui», œuvre de Jacques Majorelle ; «Le mokhazni», quant à elle, est emportée pour 1.820.000 DH. Le moment tant attendu arrive enfin, à savoir la mise aux enchères des gouaches de Jilali Gharbaoui, «père fondateur de la modernité marocaine». Une gouache sur papier (47 x 62 cm), a été adjugée à 450.000 DH.

Paradoxe, des peintres qu’on n’attendait pas si haut explosent, pendant qu’une constellation de grands noms prend de l’eau. Ainsi, sa deuxième gouache présentée, mise à prix à 380.000 DH, ne dépasse guère 360.000 DH. Force est de reconnaitre que Gharbaoui n’est pas parvenu aux sommets, comme attendu. Seule l’huile sur toile réalisée en 1968 a connu le marteau tombant à 1.520.000 DH.

Chaïbia Tallal aurait pu s’enorgueillir, si elle était encore en vie, de l’envol de l’huile sur toile, «Les tisseuses de Chtouka», aux Etats-Unis pour un très grand musée international, avec un coup de marteau à 2.100.000 DH. Deux de ces œuvres furent ravalées, comme on dit dans le jargon du métier. «Jumeaux» se laisse aller par son prix d’estimation : 260.000 DH.

Parmi ces lots, une œuvre composée par Mohamed Melehi en 1958 - tout à fait différente du travail que l’on connait, technique mixte sur toile de jute - a été adjugée à 700.000 DH. L’acrylique sur toile «Minneapolis» a été acquise pour 1.450.000 DH, tandis que «Miroir jaune» a été adjugée pour une coquette somme de 90.000 DH.

La vente a aussi mis en lumière l'univers cosmique, organique et sexuel de Mohamed Hamidi, dont une acrylique sur toile a été adjugée au-dessus de son estimation à 550.000 DH. Ses œuvres ont connu des adjudications à 570.000, 420.000, 370.000, 330.000 et 150.000 DH. Farid Belkahia a été aussi à l’honneur avec «Totem» acquise par un enchérisseur mystérieux (du Moyen-Orient ?) à 1.300.000 DH; le relief en cuivre, «Composition, 1975», a été adjugé 1.050.000 DH.

Ses œuvres se sont envolées à 140.000, 140.000, 360.000, 1.050.000 et 270.000 DH.

De même pour Abdelkebir Rabi, Abdellah Hariri, Najia Mehadji, Malika Agueznay, Fquih Regragui, dont les œuvres sont parties respectivement pour 135.000, 120.000, 220.000, 75.000 et 75.000 DH. Le monde de l'art souffre, et pas seulement d’un rhume. Mais tant qu’il y a des personnes de bonne volonté, l’art ne s’éteindra pas, contre vents et marées.

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