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Directeur de la photographie, cet oiseau rare

Directeur de la photographie, cet oiseau rare

La lumière est une composante essentielle de la cinématographie. Celui qui en possède la charge, le directeur de la photographie, est un homme de l’ombre. Arrêt sur image sur ce professionnel du spectacle, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne court pas nos plateaux.

Par R. K. H. 

 

Souvent méconnu du grand public, le directeur de la photographie (ou chef opérateur) joue un rôle fondamental auprès du metteur en scène, dont il applique les instructions quant au réglage des éclairages et la délimitation des cadrages. Compte tenu de l’importance de sa fonction, il est hissé au sommet de la hiérarchie technicienne, du haut de laquelle il mène à la baguette maints instrumentistes : cadreur, caméraman, assistants-opérateurs, électricien, machiniste.

En substance, si le réalisateur, créateur suprême, est le cerveau du film, le directeur de la photographie en constitue l’œil. Une position privilégiée qui le conduit parfois, volontairement ou non à prendre le pas sur le réalisateur. De fait, on se trouve alors devant ce qu’on appelle un film d’opérateur. Des films d’opérateurs, l’histoire du cinéma en regorge. Ils adviennent quand un directeur de la photo, de par son prestige et son rayonnement, met sous l’éteignoir un réalisateur.

Une anomalie dont sont affectées nombre d’œuvres cinématographiques marocaines. La raison en est la méconnaissance de la technique cinématographique dont font preuve la plupart de nos cinéastes. «Je tombe rarement sur des réalisateurs avec qui je partage un langage commun (…) Et comme on ne peut discuter, alors, ils me laissent agir à ma guise. Résultat : un film d’opérateur», nous explique un chef opérateur.

Ne nous étonnons pas alors que nos directeurs de photos n’aient raflé jusqu’ici que quelque moisson impressionnante de prix. De ces lauriers qu’on leur a tressés, ils n’en ont cure. Ce respect incomparable duquel l’entoure la profession n’est dû, au vrai, qu’au fait qu’ils soient, aujourd’hui, au nombre de 14 sur la place. Les seuls, les uniques. 
 
Le cinéma se retrouve ainsi devant une catégorie de professionnels du spectacle singulièrement désolée, en raison de l’absence incroyable de formations (il existe quelques-unes, mais demeurent insuffisantes) et du salaire dérisoire consenti aux chefs opérateurs (à partir de 4.000 DH la semaine). 

A l’heure où on envisage de mener une réflexion nouvelle sur les moyens à mettre en œuvre pour sortir le cinéma national de son impasse, ne serait-il pas indiqué de se pencher résolument sur cette pénurie devenue crainte ?

 

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