Jusqu’au 3 décembre à Rabat, la richesse du patrimoine vivant de l’humanité se déploie dans toute sa richesse et sa splendeur. Après trois sessions successives tenues en ligne en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, le Comité intergouvernemental de l'Unesco (organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a choisi cette année le Maroc pour tenir sa 17ème session annuelle.
Adoptée par la Conférence générale de l'Unesco le 17 octobre 2003 et entrée en vigueur en 2006, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est un traité de ladite organisation dont les objectifs sont la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et le respect du patrimoine culturel immatériel des communautés, des groupes et des individus concernés.
Ces objectifs concernent également la sensibilisation aux niveaux local, national et international à l’importance du patrimoine culturel immatériel et de son appréciation mutuelle, outre la coopération et l’assistance internationales dans ce domaine.
Le Comité intergouvernemental de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (qui examine les demandes d’inscription sur les listes de l’Unesco, ainsi que les propositions de programmes ou de projets) a pour fonction de donner des conseils sur les meilleures pratiques et de formuler des recommandations sur les mesures de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il est également chargé de la mise en œuvre de la Convention de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, principalement à travers l’élaboration d’une série de directives opérationnelles et d’un plan pour l’utilisation des ressources du Fonds pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel tel que défini dans l’article 25 de la Convention.
«La Convention de 2003 est parvenue en moins de deux décennies à donner une autre dimension et à réinventer la notion de patrimoine (…) Lorsqu’on évoque le patrimoine désormais, on ne pense plus seulement à des monuments ou à des sites naturels mais également à cet autre patrimoine fondamental : celui des traditions, des fêtes, des gestes qui se transmettent de génération en génération et qui se cristallisent dans des pratiques sociales (…) Cette conception vivante du patrimoine est devenue presque universelle avec 180 Etats faisant partie de la convention, ce qui a conduit de nombreux pays à adopter de nouvelles législations en la matière, notamment des politiques publiques difficilement imaginables auparavant», a affirmé Audrey Azoulay, Directrice générale de l'Unesco, qui s'exprimait à l’ouverture de la 17ème session du Comité intergouvernemental de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
L’ordre du jour
Le choix du Maroc pour abriter la 17ème session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel atteste de la confiance placée par la communauté internationale dans le modèle marocain en la matière, qui a fait ses preuves grâce à la vision clairvoyante du Roi Mohammed VI, a précisé l’ambassadeur délégué permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Unesco et président du Comité, Samir Addahre, dans une déclaration aux médias à l’occasion d’une conférence de presse des organisateurs.
Pour ce qui est des candidatures pour la liste représentative, qui sont cette année au nombre de 46, le président du Comité a fait savoir qu’au titre de cette session, plusieurs pays ont présenté des candidatures communes portant sur une expression culturelle, une pratique ou un savoir-faire qu’ils ont en partage.
«La Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a ceci de particulier qu’elle ne contient pas de clause d’exclusivité, ce qui veut dire que si un pays quelconque inscrit un élément de son patrimoine sur la liste, rien n’empêche un autre pays, partageant le même élément, de faire de même», a-t-il expliqué, notant que «la philosophie de cette convention est de rapprocher les pays et les peuples, pas de les diviser».
Concernant l’ordre du jour de cette 17ème session, Addahre a expliqué que le Comité examinera des rapports d’Etats-parties à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sur tout ce qui a été réalisé au cours de l’année, outre des rapports sur les bonnes pratiques de préservation du patrimoine immatériel, dont les meilleures seront inscrites sur un registre dédié.
Ceci prévoit l’examen de 24 rapports sur un élément inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente et de 42 rapports des États parties d’Europe sur la mise en oeuvre de la Convention de 2003 et sur l’état actuel des éléments inscrits sur la liste représentative. Le Comité planchera aussi sur 4 candidatures pour la liste de sauvegarde urgente, 46 candidatures pour la liste représentative, 5 propositions pour le registre de bonnes pratiques et une demande d’assistance internationale.
Pleins feux sur la «halqa»
Organisée par l'Association des rencontres de l'éducation et de la culture, dans le cadre de la 17ème session du Comité intergouvernemental de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, une performance artistique a mis en lumière la place de la «halqa», en particulier, dans la mémoire populaire marocaine, et du patrimoine culturel immatériel marocain en général. Une aubaine de mettre en avant les patrimoines culturels et populaires marocains.
Lors de ce rendez-vous artistique, qui a connu la présence du grand conteur marocain Yassine Regragui (103 ans) et de plusieurs artistes conteurs marocains, les performeurs ont interprété le personnage folklorique «Baba Achour», afin de restituer le rôle du conteur dans l'art du conte traditionnel marocain.
Cette performance artistique a également été marquée par la présence des deux artistes conteuses «Ajuba» et «princesse Stella [surnommée l’ambassadrice des contes du Maroc -ndlr]», qui ont gratifié le public présent de leurs créativités artistiques et folkloriques.
Dans une déclaration à la presse, la présidente de l'Association des rencontres de l'éducation et de la culture, Najma Ghozali Tay-Tay, a indiqué que «cette célébration est une occasion pour mettre en lumière l’art de la ‘halqa’ au Maroc, étant donné que le Royaume fait partie des rares pays qui préservent encore l'art du conte en tant que patrimoine culturel immatériel hérité».
«L’art du conte traditionnel ‘halqa’ est un héritage culturel important dans le folklore marocain», a-t-elle ajouté, mettant en avant le rôle de la place Jemaa El Fna, qui a été classée par l'Unesco en 2001 au patrimoine oral et immatériel de l’humanité, dans la préservation du patrimoine culturel populaire marocain transmis de génération en génération.
De même, elle a également souligné que le défi est de savoir transmettre ce folklore marocain aux jeunes générations, et ce en utilisant la technologie numérique moderne.
Par R. K. H