Nouzha Bouchareb a été nommée ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville. Sous l’étiquette du Mouvement Populaire, cette lauréate de l’ISCAE et également titulaire d’un doctorat de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (spécialité environnement et développement territorial) hérite d’un département stratégique, dans un secteur névralgique de l’économie marocaine. L’accès à l’habitat est en effet érigé en priorité nationale. La lutte contre les bidonvilles, l’habitat menaçant ruine et le réaménagement urbain sont les autres domaines sur lesquels elle devra se pencher minutieusement.

Décloisonner les deux ministères

L’une des clés du succès de la mission de Bouchareb réside dans sa capacité à créer des synergies entre le département de l’habitat et celui de l’aménagement du territoire. Rappelons que ces deux départements ont évolué pendant un certain temps de manière séparée (ce fut notamment le cas lors du gouvernement Benkirane). Bien qu’ils aient été à nouveau réunis sous le gouvernement El Otmani, ils ont, en réalité, continué à fonctionner en silos.

Selon les observateurs, il est plus que nécessaire de décloisonner ces deux départements. Il appartiendra au Chef du gouvernement d’intervenir pour les réunir en un seul corps compact, avec une vision transversale, afin de créer les synergies souhaitées. Ces synergies doivent s’appuyer essentiellement sur le capital humain. Une telle configuration aura des effets d’entrainement certains sur tout l’écosystème.

Une feuille de route très attendue

Sur le plan de l’habitat, la nouvelle ministre a la lourde tâche d’instaurer les mesures susceptibles de donner une impulsion au secteur qui, depuis des années, est en proie à un marasme qui semble perdurer. Interrogés à ce sujet, plusieurs professionnels estiment que Bouchareb a de nombreux défis à relever et sa tâche ne sera pas facile.

Le premier sera de mettre sur les rails la nouvelle feuille de route pour le secteur, d’autant que le programme d’étatique d’exonérations fiscales lancé en 2010 arrive à échéance en 2020. Celui du logement social est arrivé à maturité et il a montré ses limites, alors que celui de la classe moyenne n’a pas suscité l’adhésion des promoteurs.  

Le système des dérogations fiscales accordées à l’immobilier est également à revoir. Le dernier Conseil de l’habitat a révélé que l’appui de l’Etat a atteint, entre 2005 et 2015, près de 116 milliards de DH pour un rendement de 164,5 milliards de DH pour les finances publiques. Il est donc temps de réviser en profondeur le système et investir de nouvelles pistes. Le recours à l’appui public en tant qu’investissement doit être tributaire d’un rendement concret.

L’efficacité énergétique doit également être placée au cœur de la nouvelle feuille de route. Il faudra donc réfléchir aux moyens de généraliser les techniques de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans le secteur de la construction. 

Par ailleurs, la ministre est invitée à mettre en œuvre une vision innovante de la politique de la ville, capable de répondre aux besoins des citoyens et des acteurs économiques et sociaux. Il est question de lancer des plans d’aménagement de nouvelles générations, respectant les exigences de l’essor démographique et aussi de l’environnement. 

Reste à savoir que le mandat de la nouvelle ministre devrait expirer à la tenue des élections législatives en 2021, une durée assez courte pour mener à bien de nouvelles réformes ou de réactiver les chantiers en cours.
Très active dans le milieu associatif et politique, Nouzha Bouchareb, qui préside l’ONG Connecting Group International, est connue pour son sens de l’écoute et du partage, un atout qui lui permettra de mener dans les meilleures conditions les discussions avec les différents acteurs du secteur pour accélérer les réalisations.

Par C.J