On ne connait pas, ou à peine, Lamiaa, cette jeune acquise à l’abstraction et au figuratif. Ses œuvres valent le détour. Elles portent le regard sensible, poétique et sensuel de la démiurgie. Présentation.
Lamiaa mène de front, avec un rare esprit de méthode, deux activités distinctes. De fait, elle est tout uniment Fashion designer et artiste-peintre. Hormis les initiés (es), peu savent que la jeune Lamiaa est passée par Art Dubai, Abu Dhabi Art, Sikka, Art Fair Dubai, Art Fair Lebanon ou encore Women Forum. Sans oublier le mois de l'art marocain et Maroc en couleurs.
Lamiaa est indiscutablement un être à part dans la communauté artistique marocaine. Elle l’est visiblement, non pas par vocation, mais parce qu’elle est passionnée, comme on dit enthousiaste, une douce battante.
Jeunette au corps de lumière, au cou gracile, sourire enjôleur, regard énamouré, l’œil pétillant de malice, l’allure juvénile et le cœur vagabond; Lamiaa est une séductrice insatiable, dont la soif de conquêtes - des êtres, des lieux et des toiles - n’a d’égale que sa folle passion du corps féminin, les chevaux et la nature.
Cependant, le paysage intérieur de Lamiaa est, on s’en serait douté, un paysage solitaire et fragile de poésie, de rêverie et de révolte contenue, qu’exacerbe, à chaque fois, cette conquête que l’artiste fait souffler à pleines voiles.
Elle eut pour première passion le dessin, dans lequel elle entra comme on entre en religion. Elle découvrit vite l’abstrait, dont elle expérimenta longtemps la capacité à extraire d’une chose contingente, physique et matérielle ses valeurs atemporelles, intrinsèques, essentielles et permanentes. L’abstraction n’est donc pas une «nullité» ou un «vide mental», mais une très sérieuse opération de choix.
Sacerdoce dans laquelle elle s’abîma sans aucun viatique, sinon une foi ardente et une ferveur saisissante. «Je suis une autodidacte», répète-t-elle à l’envi, comme pour se faire absoudre d’éventuels écarts commis envers les canons plastiques.
L’autodidaxie de Lamiaa l’a probablement tenue à distance d’écueils périlleux, à savoir l’engluement dans une doctrine et l’obédience à une école. Ce qui n’est pas sans déconcerter l’amateur d’étiquetage. Mais qui ravit l’amoureux de l’art, lequel trouve son bonheur dans cette alternance de figuratif abstractisant et d’abstraction figurative. Deux modes de peindre qui, quelquefois, s’entremêlent, se confondent, se fondent dans une harmonie exaltante.
Dire que Lamiaa s’est inspirée du figuratif serait une erreur, dire qu’il en est totalement absent serait une faute.
On la retrouve au Collège La Salle affirmant sa vocation pour l’illustration. Là, la Casablancaise, décidément surdouée, découvre qu’elle en a la bosse. Ayant senti chez sa jeune amie de réelles dispositions pour l’art, son professeur la persuade d’emprunter cette voie plus lumineuse : la peinture.
Ce que fait Lamiaa avec brio, ainsi que la conforte l’admiration suscitée par ses toiles convoitées par non seulement les galeries les plus prestigieuses d’Europe, du Proche-Orient et des Emirats Arabes Unis, mais également par des membres de la famille royale, des diplomates, ainsi que des célébrités et VIP.
Intense plaisir que celui de s’abandonner à l’ivresse distillée par une certaine couleur vive et pure, dont la peintre avait attrapé le goût à force de se cramponner à la joie, à l’amour, à la positivité. L’ensemble constitue un univers chromatique tellement fascinant qu’il risque de détourner de l’essentiel.
L’essentiel, ce sont les corps anonymes, les ombres désincarnées, les silhouettes soumises.
Ayant toujours été rebutée par les supports traditionnels de la peinture, et refusant d’avoir «d’intermédiaires entre l’œuvre et moi. Avec mes doigts, je peux exprimer mes émotions directement sur la toile». Lamiaa fait chanter mains et doigts (peut-être même ses pieds, aussi dénudés que parfaits) pour mieux exprimer sa sensibilité, ses émotions et sensations. Cette diversité dans les moyens lui permet d’affiner le geste et de creuser le mouvement. Finement, délicatement et sensuellement.
Moyennant exclusivement peinture à l’huile, l’artiste sillonne sa toile brute de lignes colorées jusqu’à en faire un champ graphico-chromatique. Nulle dichotomie y règne.
Aujourd’hui, Lamiaa est devenue actrice de sa vie (et s’est muée en porte-voix de ses pairs étant considérée comme «l’ambassadrice officielle des artistes marocains», d’autant qu’elle excelle dans la représentation de l'art et de la culture du Maroc).
Grâce à sa pugnacité, Lamiaa a lancé en 2016 sa marque «Lamiaa Menhal Fashion» dont la ligne de mode artistique se compose de pièces créées et dessinées par l’artiste, les peintures se transformant en objets et accessoires (sacs ou chaussures). Plus récemment, elle a conçu la plateforme «Artisita Gallery & Events», une galerie d’art au cœur de Dubaï D3, et créer «Artisita Magazine», «Artisita Gallery Virtual», «Artisita Shop» et «Artisita Club».
Some feeling !
Par R.K.H