Issam, le jeune rappeur et compositeur casablancais, a dévoilé en avant-goût «Wjahna Deep», premier single de son premier album sobrement intitulé «Crystal», dont la sortie est prévue pour 2021.
C’était il y a vingt ans. Ou presque. Le rap engendrait ce qui est à ce jour sa dernière vraie révolution. Renouvelé. Diversifié. Aux «vétérans» des années 2000 a succédé une kyrielle de «talents-tueurs». Issam Harris, 27 ans, est l’une de ces têtes de pont.
En 2018, le prince de la trap marocaine lance «Trap Beldi», un son qui bouscula les compteurs Youtube et le rap made in Morocco. On le vénéra. Ses confrères s’en inspirèrent et les gamins récitèrent son lyric. Ainsi, il s’immisça dans la nouvelle vague. Cumulant pas moins de 17 millions de vues, Issam enchaîna la gloire avec «Caviar», «Bonne année», «Makinch Zhar», «Nike» et «Casablanca».
So, toujours actif, ce savant rappeur marocain déconstruit alors la discipline dans un éblouissant son. Comme descendus d’une autre planète, les rythmes trap, métalliques et classiques, pilonnent «Wjahna Deep».
Ce nouveau titre, divulgue un autre Issam sans aucune tentation de séduire les masses, mais toujours doté d’une volonté farouche d’expérimentation. Il y place au début les basses grinçantes et les beats trépidants qui ont nourri la réputation du genre comme pour mieux les déconstruire par la suite. Et c’est là que cela devient le plus captivant. Dans cette belle échappée où, sur deux minutes et cinquante secondes, le jeune rappeur marocain démontre, en puisant dans les sonorités populaires marocaines ou les ambiances raï, que «sa» trap mélancolique n’a rien perdu de sa propension à révolutionner le genre.
Ici, Issam prend fait et cause pour souligner que la paix et l’amour sont les seules issues pour aller de l’avant dans la vie. D’autant que le très bas (son passé sombre) a talonné le très haut (son avenir inconnu). Il y danse, chantonne et rappe en simplifiant - plus ou moins - couplets et refrains. De fait, on peut penser que les esthètes seront indubitablement d’accord envers ce rugissement trop auto-tuné.
Où nous emmène-t-il ? On ne sait pas… Très loin, forcément.
Par: R. K. H