Le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle (CSCA) a décidé, lors de sa plénière du 11 juillet, de suspendre la diffusion de Radio Mars durant l’horaire habituel de l’émission «Al Oulamaa d’Mars» et « Kadaya riyadia Bi Ouyoune Al Jalia» pour une durée de 15 jours et la suspension de ces deux émissions pendant la même période.
Dans un communiqué en date de lundi 15 juillet, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) indique que cette suspension est assortie de l’obligation de donner lecture sur les ondes de la radio d’un communiqué exposant les motifs de la sanction, notant que la décision du CSCA sera aussi publiée au Bulletin Officiel.
«Cette décision intervient à la suite du constat fait par les équipes de la HACA dans le contenu de plusieurs éditions de ces deux émissions de manquements aux dispositions légales et réglementaires en vigueur régissant le secteur de la communication audiovisuelle», explique la même source, soulignant que les manquements relevés concernent notamment les obligations de l’opérateur en matière de respect de la dignité humaine, de lutte contre les stéréotypes portant atteinte à l’image et à la dignité de la femme et de non-incitation à la violence et à la haine.
Dans les attendus de la décision prise suite aux délibérations du Conseil Supérieur, celui-ci a considéré que la promotion des idéaux et des valeurs du sport et de l’esprit de la compétition loyale, ainsi que la valorisation du rôle du sport dans la socialisation, l’intégration, le renforcement de la cohésion sociale et l’ouverture sur l’Autre, constituent une mission fondamentale du journalisme sportif, poursuit la même source, faisant remarquer qu'«il a été relevé que le discours tenu lors des éditions de l’émission «Oulamaa Mars» incite et encourage, même implicitement, une partie du public à la violence et à la haine entre supporters lors des manifestations sportives».
Il s'agit, selon le communiqué, d'une attitude d’autant plus inacceptable que les animateurs et invités des émissions de sport sont supposés, eu égard au statut de leader d’opinion des journalistes et de la responsabilité sociale des médias, représenter une référence et un modèle pour une large partie du public, et en particulier les jeunes.
La sanction prise par le CSCA à l’encontre de Radio Mars est également justifiée par d’autres propos de l’animateur de qui constituent une atteinte à l’appartenance à la Nation et au sentiment citoyen de l’auditrice, selon la même source.
Le Conseil a aussi estimé qu’à travers d’autres propos proférés à l’encontre de la même auditrice, l’animateur a imposé au public du programme ses parti-pris et ses représentations particulières en faveur de l’exclusion de la femme et de la négation de son droit à s’intéresser au fait sportif national, en limitant son rôle aux tâches de cuisine, en minorant indûment son rôle et sa participation sociale, en sous-estimant ses compétences et ses aptitudes et en lui reniant la liberté et le droit d’exprimer son opinion, en tant qu’acteur fondamental dans la société.
D’autre part, le Conseil Supérieur a relevé que malgré la nature interactive de l’émission, l’animateur a ordonné, en direct, au service technique de l’émission d’interrompre l’appel de l’un des auditeurs ayant exprimé une opinion divergente de la sienne, note la HACA, expliquant que ce comportement a été considéré de nature à contribuer à affaiblir la culture du débat et constitue un manquement au respect du pluralisme d’expression des courants d’opinion et de pensée dans les contenus médiatiques. Il enfreint de ce fait le devoir de neutralité auquel sont tenus les professionnels des médias.
Concernant l’émission «« Kadaya riyadia Bi Ouyoune Al Jalia», le Conseil Supérieur a relevé des expressions de nature péjorative et consacrant une image stéréotypée, dévalorisante et méprisante à l’égard de la pratique et des performances sportives féminines en général, poursuit le communiqué.
Pour décider de la sanction à prononcer, le Conseil Supérieur a pris en compte le caractère répétitif des manquements relevés concernant l’émission, note la HACA, rappelant que trois sanctions à l’encontre de cet opérateur avaient déjà en effet été prises en 2016, 2017 et 2018 pour non-respect des dispositions légales et réglementaires relatives à la dignité humaine et à l’honnêteté de l’information et des programmes.